Extrait du journal

minuent, restreignent leur train de mai son, les malades réduisent le train de leur vie mentale : ils suppriment les opérations de l’esprit les plus difficiles et les plus onéreuses. Ils se désintéres sent de leurs affaires, de leur famille, de leurs amours ; ils perdent le goût même de la vie ; tout leur parait fade, lointain, indifférent. « Us ne s’intéres sent plus à ce qu’ils pensent », comme disait mon amie la voyageuse. Inertes, insensibles, ils s’ennuient, puis s’attris tent d’une mélancolie vague et terrifiée, parce qu'ils ne peuvent pas plus éprou ver de chagrin que de plaisir. Incapables de prendre aucune décision, ils flottent de doute en doute, d’angoisse en an goisse, et cherchent autour d'eux une volonté qui puisse se substituer à la leur et leur rendre ainsi la paix des résolutions prises. De là leur obsession de l’amitié, de l'intimité, et finalement le besoin, qui devient chez eux aussi prédominant que l’idée fixe de l’amour chez l’amoureux, de direction. C’est l'heure du psychiatre. Le médecin, pour ccs malades, n'est pas le guérisseur, mais le Maître, le conseiller, le seul à qui ils aient le cou rage de se confier, le seul qui les com prenne et qui, par sa présence et le son de sa voix, remplace pour eux tous les stimulants usés. Ce qui leur manque, ils espèrent le trouver en lui et ce qu’ils attendent comme remède, c’est un pro gramme de vie. Ils ont perdu confiance en eux-mêmes parce qu’ils 11c peuvent plus agir : il faut leur rendre cette con fiance en agissant pour eux. Le psychiatre, c’est le grand ami des petites âmes....