Extrait du journal

Rarement affaire criminelle a soulevé dans une grande ville une aussi vive émotion que le meurtre sauvage de la débitante de tabac de la rue du PalaisGallien. Il faut se souvenir pour bien comprendre cet état d’esprit où l’affole ment trouve un peu sa part que, depuis un an et demi, trois assassinats commis dans la région sont restés impunis. Malgré l’injonction de l’avocat géné ral, M. Lacoste, au commissaire cen tral : « L’opinion publique exige l’ar restation immédiate des coupables », le bilan des premières journées d’enquête est plutôt mince. On ignore encore le montant exact du vol, on ignore aussi la nature de l'arme dont fut frappée la malheureuse femme. Hache, hachet te, hachoir ? S’il s'agit d'une hache, in dubitablemcnt le meurtre fut prémédité et sans doute exécuté par deux ou plu sieurs malfaiteurs. S'il s’agit d’un ha choir, le propre hachoir de la victime dont on a constate la disparition, le cri me serait plutôt l’œuvre d’un individu isolé, d’un « solitaire », comme on dit en langage policier, venu pour voler, et que la crainte d’être dénoncé par la débitante, survenue brusquement, au rail conduit à l’homicide. On fondait de vifs espoirs, malheu reusement tôt déçus, sur l’autopsie Celle-ci, en effet, si elle a permis de constater le nombre des blessures — il y en avait quinze — n'a pas précisé la nature de l'arme du crime. Instrument contondant et tranchant dont la hache est le type, dit-elle avec une réserve toute scientifique, ce qui ne fait guère l'affaire des policiers. De nombreuses descentes de police ont été effectuées dans certaines mai sons. De nombreux suspects ont etc interrogés. Résultat négatif....