Extrait du journal

Ce fut. dimanche, un joyeux retour en musique ! Escomptant la victoire de leurs compatriotes, les nombreux Biarrots qui s étaient rendus à Dax avaient fait provision de mirlitons. Et en revenant ils s’en servirent autant pour célébrer le succès du Biarritz-Olymptque que pour tuer le tenips qui, sarrs cela, eut paru long dans des wagons aussi mal éclairés qu’imparfaitement chauffés. Mais à la Négresse, nouvelle surprise dé sagréable. Car il leur fallut attendre là exac tement trois quarts d'heure que le train de Biarritz-Ville daignât les venir chercher. Et de ce fait ils n’arrivèrent ici qu’aprèe neuf heures et une longue et inutile attente dans le froid, sous le vent et la pluie. La gare du Midi à Biarritz — la façade mise à part — est une belle chose qui, n’en déplaise à certains, a fort grand' air. ' Le voyageur qui débarque là pour la pre mière tors a, dès son arrivée, l'impression qu’il se trouve dans une ville chic. Or la première impression est celle qui reste le mieux gravée dans l’esprit. C’est la raison pour laquelle nous nous permettons de regretter la disparition, des gentils petits orangers en caisse lesquels placés, là-haut, entre les bancs du grand hall vitré mettaient une note vraiment char mante. Pourquoi n'essaierait-on point de les rem placer, l’hiver, par des palmiers ? La Chambre-d’Amour, lundi, après-midi. Un ciel bas, tout noir sur la mer avec laquelle, au reste, à cinq cents mètres il se marie entièrement. Lt aussi loin que puisse porter le regard, les vagues qui déferlent sur la grève. Mats aussi, montant lentement des flots, un nuage d'embruns que le vent porte vers la forêt voisine et dont il saupoudre chaque pin de la dune. Et voici, dans le lointain, à portée des brisants, unc masse sombre dont l’œil ne parvient pas encore à saisir les détails, mais que d/s hommes — quelques-uns pieds nus et hast retroussés — entourent. Tout à côté des bœufs attelés et un peu plus loin, sur la hauteur, des douaniers abrités sous leur capuchon. A mesure que nous avançons, que nous approchons de la « chose », le sable, sous nos pieds, se couvre d'épaves de toutes les formes et de toutes les grosseurs. Sur l’une plus volumineuse que les au tres, nous lisons ceci : < Harrack-Attao, Bayonne ». Quelques pas encore, et maintenant c’est toute la quille de la chaloupe avec son hé lice en 1 air et à l'avant son moteur forte ment ensablé que dix hommes travaillent à dégager. Et sur place un ami du marin breton auquel appartenait le bateau, nous fait un récit du naufrage de la veille. JEAN-QUI-PLEURE....