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La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, 17 mai 1922

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La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz
17 mai 1922


Extrait du journal

Pour honorer les morts de la guerre, tin de nos camarades a fait dresser ces jours-ci dans sa commune, sur le bord / de la route, la statue d’un poilu. Sur le socle, au-dessus de l’inscription commémorative, il a fait, à l’antique, graver ces mots : « Passants, saluez ». Haute idée qui marque le culte à rendre au Poilu. Avec raison, dans la plupart des communes, les Associations d'anciens 4 combattants ont tenu à voir figurer un poilu dans le Monument aux Morts. Tantôt il est seul, bien campé, et sa mâle attitude, sa robustesse disent ce qu’il a fallu de virilité pour gagner la guerre; tantôt il est gisant, et la France ou la gloire vient le couronner, tandis que pleure autour de lui sa famille. Voilà donc que dans nos villes et nos villages, sur les places publiques ou au bord des routes, le cœur populaire «dresse, ainsi que des Christs. « F.cee Homo » ou « Pieta » de la guerre, des figures héroïques, douloureuses de ce Poilu, dont la passion sauva la France. , Nouvelle religion légitime. Honneur au demi-dieu de la patrie, à St-Foilu. nouveau Patron du pays, dont le culte n’aura point de dissidents ! (Osera-ton me reprendre pour une expression qui veut dire les sentiments religieux que nous éprouvons devant nos sol^ dats martyrs, « les Saints de la Fran ce » comme on les appelait durant la Guerre ?) Il faut que devant ces seconds cal vaires l’on se décomre. Voilà l’homme, voilà l’homme sublime qui donna sa vie pour nous conserver nos raisons de vivre ! Passants, saluez. * Ce qu’ainsi l’on saluera, c’est le meilleur de l'homme de France, ce sont les forces spirituelles qui l’ont soutenu dans la plus violente des épreuves. Aussi bien, la statuaire le rend-elle sensible à tous. On aime que les Poilus de nos mo* ruments s’accotent à des gerbes de blé. S’ils paraissent les défendre, ils rappellent surtout que, tels de beaux épis humains que faucha la mort, ils levèrent du sol de France, qu’ils furent les fils de nos campagnes qui leur avaient transmis leur grave allégresse et leur force. C’est bien que leur uni forme semble maculé de cette boue du front où ils devaient se coucher pour toujours ; ils n’apparaissent que mieux ainsi ce qu’ils furent : des hommes pé tris de leur terre. On aime encore que leurs parents, leurs femmes, leurs enfants soient re présentés auprès d'eux ; ils rappellent ainsi que nos soldats furent couvés par leurs foyers. Sous leur toit, ils puisè rent les vertus qui leur firent accueil lir sans trembler l’idée de laisser sur le front leur corps, pour consolider le rempart qui arrêta l’ennemi. Sur eux, , ils portaient, chaud viatique, les por traits de leur femme et de leurs gosFes. Ils aimaient à montrer ces papiers sacrés, mêlés à des lettres qui devaient les faire reconnaître, quand ils seraient tombés, pour que la famille fût pré venue. C’est afin que leurs « petits », 1 comme ils disaient, ne connussent pas les horreurs de la guerre, qu’ils tinrent jusqu’au bout dans leur résolution de vaincre. 11 est juste que participent à leur gloire leurs parents qui les for mèrent, leur femme et leurs enfants dont la pensée vivifia leur héroïsme. » On aime enfin, comme on le peut voir sur la plupart des Monuments aux Morts du Pays Basque, on aime qu’y Soit dessinée la croix, signe de la civi lisation du Christ dont la France est fille aînée. Lorsque dans la tourmente de la bataille, les Basques eurent a faire appel à une lumière supérieure # qui secourût leur cœur prêt à désespé rer ils se souvinrent de leur religion autant que de leur terre. Ils se senti rent les fils d'une race elevee par 'e catholicisme, dont les champs et les ha meaux, depuis des siècles, trois fois le jour, reçoivent la bénédiction de ♦ gelus, qui a bâti ses demeures autour «es clochers et planté, à maints carre fours des routes, des Christs dont les bras étendus sont un exaltant appel aux sacrifiés d’ici-bas Chez nous aussi, notre « vieux dieu » est entre dans a lutte, le Dieu de nos pères qui nous I 4 enseigna les qualités d’un cœur parfai tement héroïque. Les Basques n eu rent jamais peur de mourir, parce qu Us savaient, de leurs mères et de leurs prêtres, qu’au-dessus de la terre Ue...

À propos

La Gazette de Bayonne de Biarritz et du Pays basque fut un quotidien régional publié entre 1923 et 1940. Son propriétaire Richard Chapon contrôlait alors un vaste réseau de publications en Aquitaine, dont La Petite Gironde. La Gazette de Bayonne de Biarritz et du Pays basque y piochait parfois des articles, voire des rubriques entières. Son contenu est, à l’exception de la troisième page, identique à celui de La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, publication jumelle.

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