Extrait du journal

Les choses les plus simples sont sou vent celles auxquelles on ne pense pas tout d’abord. Il vient'de se tenir à Paris un Congrès pour la sécurité sur la route. Si jamais un Congrès eut son utilité, c’est bien celui-là. Lorsqu ‘un voit les accidents qui sc produisent en série chaque jour sur les voies nationales et départementales de noire beau pays de Fronce, on a raison dg s'inquiéter des moyens propres à mettre sinon un terme définitif — on ne saurait trop exiger — à ces hécatombes, mais tout au moins à les restreindre au minimum. Ces derniers jours, on en a enregistré de très graves dans les Basses-Pyrénées et les Landes. Le Congrès de Paris a donc envisagé les mesures qu'il serait nécessaire d’im poser aux usagers de la route. Il y a des imprudents dans toutes les catégories de ces usagers. La statistique démontre que les chauffeurs comptent parmi le plus grand nombre. Mais les cyclistes et les piétons ne se font pas faute de concourir au désastreux bilan des accidents. Or, le Congrès a établi que doivent être éliminés a priori comme incapables de conduire une automobile .1. Les sujets atteints de maladies évolutives du système nerveux el ceux dont les lésions fixées sont incompati bles, même après appareillage, avec la conduite d'un véhicule automobile; 2. Les hystériques à crises; 3. Tous les épileptiques; 4. Tous les psychopathes, à l’exception de quelques « intermittents » qui devront subir des visites rapprochées; 5. Les alcooliques chroniques, les su jets à ivresse récidivante. A peine aurez-vous jeté les yeux sur cette liste que vous vous écrierez : « Comment n'avait-on pas procédé de puis longtemps et légalement à cette éli mination ? » Elle s’indiquait d'elle-même, alors qu’il s’agit du conducteur d’un véhicule qui va full speed sur la route ou qui serpente entre des centaines d’autres, dans les grandes villes, transportant des pauvres diables de voyageurs qui ne sont pas, par destination, voués à faire de la chair à pâté? j’espère bien que ceux qui sont atteints d’une maladie de cœur caractérisée m seront pas davantage autorisés à con duire. Ils peuvent être tout à coup frap pés de mort au volant. Que deviennent alors l’auto, les autres voitures et les simples passants ? Mais il ne suffit pas de dresser des statistiques et d’émettre des considéra tions et des vœux. Il faut qu’à ces vœux soit donnée force de loi. Espérons que cela ne tar dera pas. Gaultier-GàRouiLL*. *...