Extrait du journal

pas abuser de la popularité d’une vedette, et cette dernière elle-même devrait avoir la sagesse de le com prendre. Le cinéma use terriblement ses artistes. Si un interprète a un très gros succès, non seulement il tour nera trois ou quatre films dans son année, mais encore on redonnera sur l’écran les films de ses débuts. De telle manière que Paris et la province seront, pendant des mois, envahis par des productions de mé rites très divers qui satureront le public du même acteur ou de la même actrice. %% C’est là le véritable danger du « starisme ». Et remarquez bien que ce danger n’épargne pas « les jeu nes » qu’on découvre à chaque film, en ce moment, et qu’on prodigue sans ménagement, qu’ils aient dixhuit ou vingt-deux ans, dès qu’ils se sont fait remarquer dans une pro duction heureuse. On les « starise », si je puis em ployer cette expression, malgré eux, et on risque d’abréger leur carrière, de la réduire à deux ou trois années brillantes, sans se soucier le moins du monde de leur avenir. Les stars ne sont pas la ruine du cinéma, pas plus que les vedettes de la sene n’ont causé la décadence du la scène n’ont causé la décadence du A u contraire on peut même croire que le défaut de grands interprètes est pour beaucoup dans l'actuelle pa ralysie théâtrale. Mais on ne s’est pas assez rendu compte que le ciné ma allait très vite, qu’il dévorait scénarii, metteurs en scène, artistes avec un appétit glouton. Une vedette de théâtre mettait dix ou vingt ans à se faire sa place, une vedette de cinéma met deux mois. Elle peut dis paraître en quelques semaines. Faites des « stars », c’est indispen sable, mais ménagcz-les. René Bizet....