Extrait du journal

Une fois de plus je redescends de la montagne. Et j’ai encore écouté le silence de la solitude, des neiges et des monts, des cascades et des fleurs, des brumes et des panora mas... De temps en temps, elle se peuplait d’humains, qui passaient infatigables sous le poids de leur sac et de leur labeur. Parfois ils parlaient un peu ; parfois je les questionnais, mais toujours je le:, écoutais. Car ceux qui montent à 3.000 et plus et qui surtout rêvent de monter encore plus haut ne sont pas des âmes vulgaires. Tous avaient le culte de l’effort viril, celui de vos concours et de stades — ils sont donc vos frères d’idéal, mes chers grands. J’ai entendu clamer, là-haut, en plein glacier glissant, la fierté d’une bande jeune, désireuse de « tenir ». Et sur un feuillet d’un misérable carnet du Club Alpin Français (où s’inscrivent tant de niaiseries) l’un d’eux, au nom de tous, écrivait : « ...Dans la neige des monts, au vent pur des sommets... » J’ai rencontré ailleurs, sur quelque sentier muletier, des jeunes filles claires, jécistes inconnues courant à leur « rencontre d’amitié » en un chalet perdu parmi les pins... J’ai assisté à la messe dans un re fuge infect, auprès de guides aguer ris, auprès d’étudiants en apparence émancipés, auprès de petits parisie ns « adorant » la montagne immédiate ment après Dieu. J’ai été me recueillir dans le tu multe de Gavarnie sur la tombe déjà oubliée du dernier grand mort en montagne, et j’ai été dire un mot...