Extrait du journal

F I O N A ...ou la petite fille qui danse de belles histoires Sentir sa vocation se manifester aux premières heures de la vie, quand on est un bébé aux pas hési tants, aux grâces attendrissantes et balourdes, n’y a-t-il pas là une aven ture émouvante et mystérieuse, as sez rare d’ailleurs, mais qui arrive parfois à ceux qui le destin fantas que se plaît à marquer pour un bel avenir. Quand la petite Fiona naquit à Londres, voici quatorze ans, une étoile devait danser dans le ciel, comme dit Shakespeare, et sourire de son scintillement d’or très loin tain, à travers Le bow-window de la nursery. Ce fut sur le plancher de la chambre blanche de l’enfance, qu’elle fit ses premiers pas, au son de la petite chanson intérieure de son âme toute neuve. A quatre ans, cette petite fille, sans que personne le lui indiquât, éprouva le besoin d’exprimer ses émotions obscures et enfantines, par des gestes. Bientôt, elle se plut à mimer de simples his toires conçues par son imagination, et cela charmait ses parents... Vous savez, là-bas, en Angleterre, Ton entoure volontiers les enfants d’une sorte de féerie familière : Alice au pays des merveilles, Peter Pan . Revenue d’Afrique, où elle avait été avec sa famille, point sur le tapis volant, ni sur le dos du cro codile, mais avec le bateau et le train, Fiona devint une petite fille anglaise de Saint-Jean-de-Luz aux cheveux blond roux, aux yeux bleu vert , au visage marqué de quelques taches de rousseur ; telle : l’on en voit quelques-unes sur les ! bords de la Nivelle. Son goût pour la danse ne l’avait point abandonnée, au contraire. Elle reçut des leçons, parut dans l’intimité, à quelques ré unions de charité. Le marquis d’Av-...