Extrait du journal

Tout à côté de chez nous, en Béarn, et même à Pau pour être plus précis, une campagne intéressante vient d’ê tre entreprise par un de nos confrères: « Le Patriote ». Il dénonce à l’exécra tion populaire une certaine quantité de « Tant pis » pour les familles nom breuses. Qu’est-ce que c’est que ces animauxlà ? demanderez-vous, si vous n’êtes pas encore au courant. J’ai le regret de le dire, il s’agit de propriétaires d’immeubles à louer. Je me hâte d’ajouter qu’ils ne sont pas tous comme cela, fort heureusement. Mais on en connaît néanmoins, à Pau, paraît-il, — et peut-être ailleurs — qui refusent de louer un apparte ment à un ménage ayant des enfants. Passe encore pour des chats, des chiens ou des perroquets, mais les en fants ? L’agriculture, paraît-il, manque de bras ; il faut pour l’industrie, faire apcl à la main d’œuvre étrangère ; en fin nous entendons nos gouvernants se plaindre à chaque instant de ce que nous nous appauvrissons en hommes, c’est-à-dire en soldats. Et c’est le mo ment que choisissent les propriétaires pour déclarer véhémentement : « Tant pis pour les familles nombreuses ! » A Espelette, il y a un propriétaire d’un autre genre. Quand le faciès de ses locataires a cessé de lui plaire, il multiplie les vexations à leur adresse et va même jusqu’à tirer — en l'air, heureusement — des coups de revolver pour les épouvanter. Avouez que celui-là, « y allait tout de même un peu fort » et cela l’a amené sans son revolver — devant le tri bunal correctionnel de Bayonne. Il a été condamné à six jours de prison, avec sursis et 25 francs d’amende. Cela l’incitera peut-être à appliquer, lui aussi, le sursis à ses locataires, quand il sera pris de la tentation de les faire sauter et tressauter à coups de browning. Gaultier Garguillk....