Extrait du journal
scandales, loin d’aider la justice et. de l’éclai rer, sont le plus souvent un obstacle à la découverte de la vérité. Il a pu se trouver jadis des innocents qui furent condamnés ; mais, avec notre presse actuelle, croyez-vous que tous les coupables soient punis ? Tout le monde lit le journal maintenant ; devrait-on permettre que sa lecture puisse salir et empoisonner l’âme de la jeunesse ? Le peuple est simpliste ; il est porté sou vent à généraliser. Du moment qu’on lui dit qu’une jeune fille, élève des lycées, a fait une noce carabinée, il sera prêt à dire que beaucoup font de même, alors que la vérité est toute autre et que la jeunesse fé minine qui étudie, à Paris comme dans nos grandes villes, pense à son travail et eq très grande majorité a une conduite très convena ble. De même pour les étudiants. Il y en eut toujours dont la conduite fut loin d’être un modèle... ; mais ce fut l’exception,et sur quel ques brebis galeuses on ne juge pas tout un troupeau. Quelle responsabilité terrible pèse sur les journaux qui donnent à leurs lecteurs une nourriture aussi faisandée !... Mais plus encore, quelle responsabilité pour une justice légale, pour un gouverne ment qui permettent pareil étalage de sa disme !... Je suis certain qu’Hitler, tout comme Mus solini, n’auraient jamais toléré cet étalage dans les feuilles allemandes ou italiennes. Dix lignes, peut-être, comme nouvelle, à la troisième page des journaux, et c’est tout. Mais la liberté de la Presse ?... La liberté de faire le mal n’est plus la li berté : c’est la licence, et un gouvernement fort et propre ne doit jamais tolerer J a li cence. Notre Gouvernement va plus loin que cette tolérance ; il a fait voter, sous prétexte de respecter la liberté de chacun, une loi qui ordonne au juge de mettre en liberté provisoire le criminel, quel qu’il soit, quand l’instruction est terminée..., sauf quelques rares exceptions. Ainsi nous voyons des assassins jouir de la plus entière liberté... Je dis des assassins dont le crime est patent, démontré... Ils peuvent vaquer à leurs occupations ordi naires, s’amuser, et si cela leur plaît, com mettre d’autres crimes. Sans doute on a refusé une première fois cette liberté provisoire à l’empoisonneuse ; mais dans un mois le juge pourra-t-il la gàrder en prison ? Si on la relâche, je crains que tout ce qu’il y a de malsain dans certaine société ne soit excité et ne réclame comme vedette celle qui fit tant parler d’elle. Quelque cinéma, quelque music-hall ou, à leur défaut, quel que boîte suspecte, comme il y en a trop dans la capitale, n’essayera-t-elle pas de se faire une réclame par la présence de cette fille ? Il faut tout craindre après le bruit fait autour de ce crime. Les honnêtes gens sont encore la majori té, Dieu merci, et je sais que je ne fais que traduire l’indignation de nombreux pa rents soucieux de la moralité de leurs en fants. C’est à nous de protester publiquement pour essayer de combattre les façons actuel les de rendre la justice, et en même temps pour aider à mettre à l’honneur la vertu et stigmatiser le vice et le crime. Veuillez, Monsieur le Directeur, croire, etc. Un Père de Famille....
À propos
Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.
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