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La Gazette de Château-Gontier, 6 juillet 1930

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La Gazette de Château-Gontier
6 juillet 1930


Extrait du journal

Le 30 juin 1930 restera, dans l’histoire de la France, une date dont il faudra garder le souvenir. Ce jour-là, le dernier soldat français a quitté la garde du Rhin. Ce jour-là, les Allemands, ayant recouvré leur entière liberté, n’auront plus à redouter la sur veillance des Alliés, qui les empêchait de préparer la revanche. La rive gauche du Rhin ayant été complète ment évacuée lundi 30 juin, c’est une ère nouvelle qui commence. Que sera-t-elle ? Un grand point d’interrogation se pose, auquel il est difficile de répondre. Le Traité de Versailles nous donnait le droit de tenir garnison sur le Rhin jusqu’en 1935, à moins que l’Allemagne ne se fût libérée de ses dettes de guerre avant cette date. L’Allemagne a-t-elle payé ? Non. Pourquoi, alors, lui faire ce plaisir ? C’est le plan Young qui a tout réglé... Comme cela renforce les critiques nombreuses qu’ici même nous avons élevées contre ce plan américain, non accepté par l’Amérique, et que nos hommes d’Etat, suivis par une majorité par lementaire, ont imposé à la France !... L’Allemagne ne nous a pas payés, et nous lui prêtons de l’argent... Sans doute, elle a signé le plan Young, qui la déclare notre débitrice. Nous avons, en place d’argent, une signature. Mais ne sommes-nous pas payés, et très cher, pour nous souvenir de ce que vaut une signature allemande ? Au moment où les diplomates préparaient le Traité de Versailles, la presse patriote réclama comme garantie do la paix que notre frontière fût placée sur le Rhin. On répondit que ce n’était pas nécessaire, puisque l’Allemagne ne devait plus avoir ni armée, ni marine, ni aviation, et que nous-mêmes nous fortifierions nos nouvelles frontières. Promesses vaines que tout cela !... Che,eun sait que l’Allemagne a une armée, ca mouflée, c’est vrai, mais très forte par scs cadres et son organisation. Chacun sait qu’elle reforme sa marine. Chacun sait surtout que son aviation est formidable. Elle a les plus puissants dirigea bles — nous les voyons en France et même à Paris, — les plus gigantesques avions. Oh ! sans doute, c’est dans un but commercial... Mais la différence est si petite entre un Zeppelin, un avion de commerce et ceux qui vinrent nous bombarder de 1914 à 1918, que le pas est vite franchi et la transformation rapidement faite. Puis, chacun sait quelle somme le Reich dé pense pour son budget de guerre. Beaucoup plus que nous... Enfin, avons-nous des frontières défendues ? Les ouvrages allemands qui nous menacent, et qui devraient être détruits, sont toujours de bout. De notre côté, tout un plan de fortifications défensive : avait été tracé. On s’aperçoit que rien n’a été fait, et au dernier moment on est obligé do voter de grosses sommes pour préparer à la hâte une ligne de protection. Après la guerre de 1870, les Allemands avaient libéré notre territoire avant la date extrême fixée... Oui... Mais nous avions payé jusqu’au dernier sou les cinq milliards de notre dette de guerre et satisfait à tous les articles du traité de Francfort. En 1930, nous libérons les Allemands alors que la plus grosse partie de leur dette n’est pas ac quittée, et que le traité de Versailles est déjà considéré par eux comme n’existant plus. Aussi, voyez ce qui se passe en Allemagne. Non seulement on s’est préparé, de l’autre côté du Rhin, à célébrer le 1er juillet, par des fêtes « kolossales », le départ des Français et l’évacua tion des rives du Rhin, mais la presse germaine parle ouvertement de réviser le t fai té de Versail les. * Les hommes politiqu.s qui signèrent les accords do La Haye sont mis de côté par Hindenburg, •comme trop mous, trop faibles, et remplacés par des patriotes allemands plus ardents. Le couloir de Dantzig est le premier menacé ; des incidents éclatent trop souvent à la frontière germano-polonaise. En 1914, la guerre a éclaté à propos de l’assas sinat de l’héritier d’Autriche-Hongrie. Qui sait ri ce n’est pas encore de ce côté, avec l’arrivée en avion ou en auto de l’archiduc O thon à Budapest, que naîtront les difficultés ? Si le 30 juin 1930 est une date joyeuse pour les Allemands, nous sommes obligés de dire que pour nous, Français, c’est une date critique, qui nous place dans une incertitude redoutable et en face d’une insécurité dangereuse. Sans précautions suffisantes, nous avons quitté Mayence... Puisse-t-on ae pas trop en pâtir bientôt......

À propos

Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.

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