Extrait du journal

des plus graves, n’avait pas encore repris connaissance. Cependant, aidée des soins intelli gents de la médecine, l’affection la plus ardente, la plus dévouée, veille à son chevet, le disputant à tout instant à la mort qui le guette comme une proie acquise. Aussi un soupir de soulagement s’échappa-t - il de la poitrine de tous, lorsqu’au soir du second jour le malade ouvrit les yeux un instant, et lixa un regard presque lucide sur ceux qui l’entouraient, Vivrait-il ?... Cela n’était pas encore certain ; mais enfin, si cruelle parfois soit-elle, « l’incertitude est encore l’espérance «.Et si rapide que fût celte lueur d’espoir, elle adoucit un peu l’angoisse des cœurs qui agonisaient auprès du pauvre moribond. Navrante dans le calme de sa dou leur, Maud était néanmoins admirable d’énergie. Immobile et blanche comme une statue de marbre, près du chevet de son fiancé qu’elle ne pouvait consentir à quitter, elle tenait entre ses mains colle de Bertrand, attendant toujours qu’une pression de cette main aimée répondit à la sienne, et interrogeant sans cesse les yeux clos par la force du mal. Enfin, peu à peu la torpeur céda ; la congestion cérébrale était écartée. On se laissa aller à un espoir qui semblait motivé du reste par la robuste consti tution du comte. Mais, hélas ! ce n’était qu’un sursis ! La poitrine avait été atteinte, le filet de sang qui à chaque 'instant teignait...