Extrait du journal
CHRONIQUEPOUTIQUE Chkteau-Gontier, 9 Mai 1891. LA TACHE DE SANG L’expérience du fusil Lebel et de la poudre sans fumée est faite par la République ; chose atroce, elle est faite eur des enfants de France, sur des femmes et des jeunes filles. Triste et malheureux début pour une arme destinée à soutenir la gloire et l’hon neur du pays ! On sait les événements de Fourmies, nous n’avons plus à les racon ter, mais il importe d’en rejeter la responsabilité sur ceux à qui elle incombe tout entière, c’est-à-dire sur le ministre de l’intérieur, M. Constans, et sur ses fonctionnaires. S’ils n’avaient pas été coupables ; si un sous-préfet, un maire, un pro cureur de la République, n’avaient été les instigateurs d’ün terrible et honteux massacre, le gouvernement n’aurait pas craint la lumière, il n’aurait pas redouté l’enquête, il l’aurait, au contraire, demandée. Mais l’opinion publique est fixée. Il est acquis par les débats de la Chambre que ces tristes adminis trateurs ont manqué à tous leurs devoirs. Ils ont joué le rôle d’agents provocateurs, au lieu d’apporter des paroles de paix et de conciliation ; ils se sont cachés derrière les soldats, quand leur place était au-devant des grévistes. A en croire môme des té moins oculaires, le maire, ainsi à l’abri, criait : « Tirez donc ! avec ces gens-là, il n’y a pas autre chose à faire. )> Et quels étaient ces gens assez dangereux ou menaçants pour met tre des soldats en cas de légitime défense ? Des enfants et des femmes. Parmi les victimes, on trouve, en effet, le jeune Gilloteau, âgé de 20 ans à peine, qui tenait un drapeau tricolore, le petit Carnaille, âgé de onze ans, des jeunes filles, dont l’une portait le mai qu’il était d’usage de planter ce jour, dont l’autre avait à la main une branche d’aubépine donnée par son fiancé. Voilà les ennemis qui ont affolé un maire, un procureur, un sous-préfet. Malheur à eux! M. Constans a, lui aussi, une ter rible responsabilité ; celle d’avoir nommé, à des postes délicats, des créatures politiques incapables, quel quefois indignes. Puis, lui aussi a manqué d’énergie et de décision. Au lieu de remuer l’armée, de la mobi liser, il aurait dû prévenir le mou...
À propos
Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.
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