Extrait du journal

Au Hénul Le bruit court dans les couloirs que le gouvernement allemand a envoyé à Stras bourg et à Metz des régiments d’artillerie à pied chargés d’armer les forteresses comme en temps do guerre. ton amie, ta sœur. Comment t’ap pelles-tu, mignonne ? — Anne, madame. » La jeune fille sourit à ce dernier mot, et l’enfant, toute à sa pensée, poursuivit à mi-voix : oc C’est vrai, mère est morte... là-bas, bien loin, bien loin... Il y avait de la neige partout, il faisait noir... Pauvre maman !... Sa main me donnait froid, grand frère Ivan pleurait... Oh! j’avais peur, va; puis je me suis endormie près d’elle pour la réchauffer... » Mllc de Kcrdsmont écoutait avec émotion ces paroles enfantines en procédant à la toilette d’Anne. Lors qu’elle eut terminé, elle regarda sa protégée avec orgueil. De superbes boucles fauves tom baient sur la robe de deuil de l’en fant. Son teint, d’une blancheur délicate et nacrée, était faiblement rosé aux joues. Son visage mobile, plein d’expression, ses yeux tour à tour caressants et hardis en faisaient une ravissante créature. Clotilde la prit par la main, et, après quelques courtes recomman dations, frappa, non sans un batte ment de cœur, chez la marquise. Anne, d’abord intimidée par les...