Extrait du journal
obéir. L’Etat, c’est la providence de qui tout bien doit découler, si vous êtes soumis. Contre ce maître absolu, vous n’avez plus la propriété de vos biens, ni la liberté d’en disposer. Non seulement vous ne pouvez rien vendre sans payer tribut à ce maître, mais vous ne pouvez même pas donner votre bien sans payer encore plus cher. Et tout est occasion pour cet Etat Moloch de vous pres surer : impôts mobilier et immobilier, chif fre d’affaires et taxes de luxe... Tournez-vous de quelque côté que vous voudrez ; il vous faut payer, directement ou indirectement. Certes, il y eut toujours des impôts, et tout Etat en a besoin pour vivre et régir ses administrés, Mais jamais il n’y en eut tant et d’aussi forts qu’à notre époque. * * * On a crié contre la dîme... Industriels, commerçants, cultivateurs, éleveurs, vigne rons, qui de vous ne serait heureux si on ne lui réclamait, en tout et pour tout, que le dixième de ses revenus ?... On a dit pis que pendre de la Gabelle... Ses méfaits étaient jeux d’innocents à côté des exigences du fisc que nous subissons. On payait des droits pour porter une marchan dise d’une province à une autre province. Maintenant, c’est de ville à ville que la ga belle, sous le nom d’octroi, nous fait payer. Vous récoltez du cidre, du vin... Vous n’avez pas le droit de le transporter hors de chez vous, même pour l’amener à un second domicile, sans payer pour le passage. Si vous avez l’audace de transformer vin ou cidre, qui risquent de se perdre, ou même des fruits gâtés, en alcool, immédiatement vous êtes passible de procès et condamné à une grosse amende... L’eau de-vie ne peut se faire qu’à l’alambic officiel, et moyennant des droits élevés... C’est la liberté... L’alcool n’est pas nécessaire... Mais le blé ? la farine ? Vous n’avez pas le droit de transporter du Lie hors de votre maison, ni de charroyer de la farine, même pour votre nourriture, sans avoir demandé un permis, que naturellement il faut payer. Mieux que cela : Vous n’avez pas le droit de vendre votre blé au prix que le meunier vous offre, même si vous avez grand besoin d’argent ; il y a la taxe qui fixe le prix du blé, et qui fait que le blé ne se vend pas. Mieux que cela encore : On vient de dé créter que vous ne pouvez pas semer autant de blé que vous voulez sur votre terre, et que pour emblaver ce qu’on vous autorise de terre, il faudra payer tant par hectare. Sur tout, n’oubliez pas de déclarer ce nombre d’hectares, et combien de quintaux vous au rez récoltés. Et vous, vignerons, le fisc aura le droit de venir quand cela lui chantera visiter votre cave et vos celliers, contrôler votre vin ; il vous défendra de planter de la vigne. Et vous, commerçants, et vous, industriels, l’Etat a donné le droit à ses agents d’entrer chez vous à toutes heures de jour et même de nuit. Vous devez ouvrir tous vos livres, mon trer tous vos comptes, ne plus avoir aucun secret, et non pas seulement sur vos travaux en cours, mais pour les mois et même les années passées. Pour le fisc, vous êtes le suspect, le fraudeur... * * * C’est beau, la liberté !... Ah ! si nous pouvions revenir à l’état cor poratif et nous entendre, avec quel ensem ble et quelle vigueur on pourrait résister à de telles prétentions et remettre l’Etat à sa vraie place, qui est de nous traiter en père de famille et non en tyran. Autrefois, la France était par excellence le pays de l’économie, du bas de laine. Nous étions les banquiers du monde, à qui nous prêtions. Maintenant, l’Etat veut être la Providence de tous et pour cela il nous ruine, en ruinant chez nous l’esprit de travail et d’économie. A quoi bon économiser, en effet ? L’Etat nous prendrait jour ou autre la petite for tune que nous aurions mise de côté. Puis, l’Etat n’est-il pas là pour distribuer des se cours : secours à la naissance des enfants, secours aux familles nombreuses, secours aux vieillards, aux malades, aux chômeurs ? En vérité, vous ne pouvez plus économiser, car si l’Etat le sait, il vous prendra vos éco nomies pour les distribuer à ceux qui dé pensent. Nous n’avons donc même pas la liberté de faire des économies, et surtout d’en jouir et de les laisser à nos enfants. Quant à la liberté de faire connaître nos sentiments par des manifestations publiques, chacun sait depuis un an que cela est interdit. On l’a bien vu le 6 février sur la place de la Concorde, et les gardes mobiles se chargent de le démontrer chaque fois que quelques mécontents veulent revendiquer leurs droits méconnus. A Rennes, comme à Paris, nos cultivateurs en savent quelque chose. Si Louis XVI avait donné é ses Suisses et à ses gardes la moitié des ordres sévères qui furent donnés à la police par nos gouver nants depuis quelques années, jamais la populace n’eût pris la Bastille. Et c’est con tre l’absolutisme de la Royauté que cer tains veulent monter les esprits !... * * * Dans tout le pays, la colère gronde contre ces façons arbitraires : colère des industriels et des commerçants ruinés ; colère des paysans trompés. M. Gaston Gagmard, dans YInformaieur de *Soissons, imprime à ce sujet de pertinen tes réflexions î Au moment où le Comte de Paris vient de fair à un rédacteur du Petit Journal, qui pourtant ne cache pas ses opinions radicales, des déclarations sensationnelles ; au moment où l’héritier des rois de France vient, en quelques phrases lapidaires, de tracer son programme constructif et de mon trer que la royauté. ItUe qu’il convient de le con-....
À propos
Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.
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