Extrait du journal
Jadis, quand on faisait un traité, chacun s’efforçait de l’appliquer. Comme tant de choses, on a changé tout cela. Le pauvre Traité de Versailles en a vu de toutes les couleurs. De pactes en pactes, comme de plans en plans, il risque bien d’être considéré désor mais comme un vulgaire chiffon de papier. La Société des Nations ne suffisant pas à le tuer, ou ne le tuant pas assez vite, on a trou vé meilleur de se réunir à quatre pour lui donner le dernier coup. Si quelques journaux se montrent heu reux de voir ce nouveau pacte paraphé par les quatre nations qui l’ont élaboré, on peut dire que la Presse en général lui est plutôt hostile. Elle voit les dangers auxquels il nous conduit. Même Figaro, en son article politique, démontre qu’il mérite Te nom de « pacte à quatre » pour des raisons très étrangères au nombre des signataires : Le pacte à quatre qui vient d’être paraphé mé rite ce nom pour plusieurs raisons : le nombre de ses signataires, le mal que nos négociateurs se sont donné pour couper les fils en quatre et nous dé montrer que ces fils ne sont pas pour nous ceux de la corde au cou, enfin le nombre des dangers graves et certains qu'il entraîne pour la France. 1° Dissociation, rupture ou, tout au moins, af faiblissement de nos alliances. Déjà, la Pologne, en protestant officiellement contre le pacte, a pris une autre position que la Petite-Entente. Quant à celle-ci, il suffit de lire les termes amers et dédaigneux de son adhésion officielle pour en apprécier la portée. Elle est, d’ailleurs, éloquem ment commentée par les manifestations grandio ses que leurs peuples ont organisées contre toute révision des traités, manifestations qui seraient sans objet si les réserves introduites par nous dans le texte du pacte avaient quelque valeur. 2° Conflit avec nos co-contractants. Le germe en est dans les interprétations contradictoires d’un texte ambigu. Notre gouvernement allègue que ses réserves rendent toute révision impossible. L’Allemagne et l’Italie ne cachent pas que le pacte est pour elles la préface de la révision. En outre, ces puissances voient dans le maintien de notre ambassadeur à Rome, partisan de la révision et négociateur du pacte, ainsi que dans le révision nisme notoire de plusieurs de nos ministres, une garantie contre les garanties de forme que nous avons demandées. Comment pourrons-nous les invoquer sans être accusés de mauvaise foi ? Nous réussirons à nous mettre à dos et nos anciens alliés et quelques-uns des signataires du Pacte. 3° Danger de désarmement unilatéral en vertu de l’article 3 qui aggrave et consolide la capitu lation de M. Paul-Boncour à Genève. Ainsi nous donnons à la fois aux puissances dictatoriales chez elles et révolutionnaires en Europe des ar guments pour réclamer le bouleversement des frontières et des moyens de l’imposer. *** Quelle besogne vont faire nos délégué à la Conférence de Londres ? Figaro continue : 4° Prime à un chantage général permanent. En vertu du nouveau pacte, notre démocratie devient la « collaboratrice » des dictatures, ce qui, d’après nos dirigeants dirigés, assurera la paix. Comme après Locarno, réconciliation franco-allemande théorique dont les effets pratiques ont été l’éva cuation de la Rhénanie et une série d’abandons, cette fausse collaboration sera exploitée pour nous arracher de vraies concessions. Le pacte entre dans le cycle des fictions alimentaires, mais non tuté laires, dont nos gouvernements sont encore les bénéficiaires, par les illusions qu’ils entretiennent et qui les entretiennent, et les prisonniers par l’impossibilité où ils sont de s’en affranchir sans se perdre, même lorsqu’elles nous perdent. Encore une fiction que la France devra nourrir de sa substance. Avec Figaro, nous demandons s’il est en core possible à la France de dire non, un non définitif à l’erreur..., « à un passé de mysti fications, de capitulations, d’humiliations, et un oui à la vérité, à un avenir de franchise, de liberté, de dignité ». *** Ce pacte a été fait, écrit M. de Korab au Matin, « pour désarmer la France », l’opéra tion n’ayant pas réussi à Genève. Il fallait, au plus vite, trouver autre chose, et cette autre chose, on l’a trouvée dans le pacte à quatre. Et voilà pourquoi le pacte à quatre, que l’on croyait noyé, est subitement revenu sur l’eau. Mais il est revenu sous une tout autre forme. « Ré visionniste i à l’origine, il reparaît aujourd’hui sous les aspects d’un instruments « désarmemental »....
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Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.
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