Extrait du journal

Ce que vous me fîtes l’honneur de me répondre sur ces trois points, il n’est pas dans ma pensée de le répéter ici, bien que j’en aie gardé un souvenir extrêmement précis. - - • - 7 En décembre 1878, peu de temps avarit les élections sénatoriales qui préparèrent la chute du maréchal de Mac-Mahon, une mission dont je fus officiellement chargé auprès de vous par le syndicat de la presse parisienne amena une nouvelle conversa tion entre vous et nioi. Celte fois l’issue de la lutte n’était pas douteuse. Vous étiez manifestement à la veille d’avoir entre les mains la majorité et le gouvernement. Avec la franchise d’un adversaire loyal, j’insistai auprès de vous sur l’un des trois dangers que je vous avais signalés cinq ans auparavant : celui d’une persécution contre le clergé. Aujourd’hui l’amnistie est faite, la guerre contre le clergé a commencé. Les conséquences ont été celles que je pré voyais. Elles deviendront de jour en jour plus visibles. Heureusement la question du rétablis sement de la garde nationale ne se pose plus. Au 24 mai 1873, vous ne l’auriez pas évitée. Ace point de vue, c’est un bonheur pour vous et vos amis de n’ôtre pas arri vés au pouvoir à cette époque. Le danger cependant peut renaître sous une autre forme. Si l’on ne prépare pas l’émeute par la réorganisation de la garde nationale, on peut la préparer par la désorganisation de l’armée. L’insurrection du 18 mars a réussi moins peut-être par l’audace des insurgés que parla faiblesse et la complicité morale des récrues chargées de reprendre les canons de Montmartre. Vous n’étiez pas à Paris, monsieur, pen dant cette fatale journée. Vous n’avez pas vu ces hommes qui n’avaient de militaire que l’uniforme, parcourir les rues et les boulevards par bandes de quarante ou cinquante, oubliafit leurs généraux fusillés et leurs armes abandonnées, oubliant et la patrie et la loi et la disci pline. On veut nous faire aujourd’hui une armée semblable à ces tristes régiments. On travaille nos soldats par toute sorte d’excitations. On les lance, dans certaines villes, contre des habitants paisibles. On...