Extrait du journal

éprouveront bientôt la tentation de chercher un passage par la Suède. » Même son de cloche à l’Action Française, où M. J. Delebecque écrit : a 11 saute aux yeux que la possession des ports de la côte norvégienne ouverts sur la mer du Nord est d’un intérêt capital pour les adversaires en présence. Par là s’expli que l’ampleur et l’acharnement de la bataille navale en cours, ou plutôt des différents en gagements qui ne semblent pas tous liés en tre eux. Grâce à sa brutalité et à sa perfidie, l’Allemagne qui, dans ces domaines, dispose d’une supériorité que personne ne songe à lui contester, a réussi à prendre pied en Nor vège. La question de savoir si elle pourra ou non s’y maintenir n’est pas encore tran chée. Jusque là, on répétera, après de plus au torisés, que l’opinion publique, malgré sa légitime impatience, fera bien de- ne pas ajouter foi aux rumeurs dont la source est généralement trouble et de conserver tout son sang-froid au milieu de l’avalanche des nouvelles fatalement contradictoires. Le sage lord Halifax nous a avertis que la situa tion politique et militaire « était encore peu nette ». Il est possible qu’elle le reste encore Suelque temps. Attendons qu’elle soit mieux essinée pour l’apprécier. La Suède a démenti qu’elle ait déclaré la mobilisation générale. On peut penser pourtant que son gouvernement ne se fait pas d’illusions sur le danger qui la menace, peut-être à très brève échéance. Il n’est guè re douteux, en effet, que, au point où en sont les choses, l’Allemagne n’hésitera pas à la traiter, si elle y voit son avantage, comme elle a traité le Danemark et la Norvège. Une note officieuse a précisé que la Suède était f décidée » à persévérer dans sa politique de neutralité. Tout ce qu’on peut dire, c’est que de semblables décisions ont exactement la force d’un fétu de paille devant un torrent. » Depuis, la situation est « plus nette ». On sent passer le souffle de la victoire alliée. Le Temps, après avoir montré l'importance capitale des opérations navales en cours et comment le crime allemand était préparé, or ganisé de longue date, montre les risques que les troupes allemandes courent du fait de la résistance norvégienne et de l'aide apportée par les Alliés. Mais il ajoute qu'après que la Norvège et le Danemark ont été envahis, on serait tenté d'écrire : « A qui le tour ? » a Car il est maintenant certain, de la plus entière certitude, que l’Allemagne se livrera tôt ou tard, successivement ou simultané ment, à des voies de fait contre tous les Etats moyens et petits qui ont le malheur d’être ses voisins immédiats, si ces Etats ne font pas, et ne font pas tout de suite, ce qu’il faut pour échapper à ce triste sort en conjurant le destin. » M. Paul Reynaud a dit, dans un discours radiodiffusé, que « quoi qu il arrive désor mais, on peut affirmer que pour toute la durée de la guerre, pas une tonne de minerai ne par tira de Narvik pour l'Allemagne ; le seul cou loir de communication est coupé. Il s'agit, pour les Alliés, d'un bénéfice capital et d'un bénéfice durable ». Ne regardons pas seulement vers la mer du Nord et la bataille navale qui y fait rage. M. Lucien Romier nous dit, à Figaro, que : « ... des signes qui ne permettent guère le doute trahissent des préparatifs du côté allemand pour une attaque du front fran çais avec de grandes forces. Attaque d’une partie ou de l’ensemble du front ? Opération visant, en même temps que les positions françaises, le territoire de tel ou tel Etat neutre ? 11 est difficile de le présumer et, à plus forte raison, de le pré dire. , „ On sait que le dispositif des forces alle mandes en Occident rend possible de leur part le déclenchement très rapide d’une action offensive en des secteurs étendus. Il semble seulement un peu bizarre que les Allemands eux-mêmes, par voie directe ou indirecte, aient pris soin, depuis quelque temps, d’annoncer cette offensive contre la « ligne Maginot ». Mais, dans leur méthode, est habituel le procédé qui consiste à énerver la vigilance de l’adversaire en faisant alterner l’annonce du faux et l’annonce du vrai. Pour leur coup sur la Norvège, ils agirent avec secret. » Efforçons-nous donc de garder toujours la vraie mesure dans nos esprits en face des évé nements terribles qui nous menacent. Souve nons-nous que si l'Allemagne et la Russie ont, depuis le début du conflit, attenté à l'indépen dance de sept pays neutres, l'Allemagne, en 1918, occupait les trois quarts de l'Europe. Et pourtant elle fut vaincue. Nous terminerons par cette citation du Temps : « La vérité de l’heure présente, c’est que les hostilités continuent, l’aviation norvé gienne participant aux opérations de l’avia tion franco-britannique dans la région d’Oslo, occupée par les Allemands, les trou pes norvégiennes continuant leur courageuse résistance là où les Allemands ont débarqué, et les unités de la flotte norvégienne parti cipant avec les forces franco-britanniques aux opérations navales qui se déroulent depuis hier au large du littoral occidental de la Norvège. Au sujet de ces opérations na vales, on ne possède que des informations de source privée et de seconde main, qu’il con vient par conséquent de n’accueillir qu’avec les réserves d’usage jusqu’à ce que des com munications de caractère officiel nous appor tent les précisions nécessaires. Il n’est pas dans les habitudes de l’amirauté britannique d’user de la méthode des rapports par radio lorsqu’il s’agit d’opérations d’une certaine envergure. Des informations dignes de foi ne doivent donc être attendues que lorsque les résultats seront définitivement acquis. » Depuis, nos Gouvernements ont laissé filtrer la vérité, une véri té toute de réconfort. A la veille des grands chocs possibles, nous sommes pleins de confiance et de fierté. * { J...