Extrait du journal

— Pas encore, monsieur ; ma tante vient seulement de prendre connaissance de la missive que vous lui avez remise, et... — Oh ! frère, interrompit Anne avec vivacité, désignant du bout de son doigt rose MUe de Kerdsmont, c’est ma bonne amie ; elle a lu la lettre de notre pauvre maman ; vois, ses yeux sont rouges ; je l’aime bien, moi! Le jeune homme, pour la pre mière fois, contempla attentivement Clotilde ; il fut frappé de sa beauté, de la grâce un peu triste de son sou rire, du rayonnement ardent de son regard. Cédant à une émotion et à un attrait subits, il lui tendit la main, disant d’une voix étouffée : « Merci, merci pour votre pitié, mademoiselle. » Leurs yeux se rencontrèrent, ils restèrent pendant une seconde im mobiles l’un et l’autre. Une faible rougeur monta aux joues de la jeune fille, et lentement elle retira sa main. Ivan aussi se détourna ; il était pâle, et la ride précoce, que les pensées avaient creusée sur son front large ment modelé, s’accentua comme sous l’empire d’une douleur subite. Anne, dont les impressions s’efïà’...