Extrait du journal
D’UN JEUDI (0 A L’AUTRE G) MERCREDI 17 JUIN. — A Paris, les grands magasins sont toujours « occupés » par le person nel. Dans les départements, des conflits nouveaux se produisent ; la gare de Valence (Drôme) a été| envahie par les grévistes ; à Marseille, on signale^ des bagarres et des blessés ; en cette ville, les na-* tionaux ont réagi avec vigueur contre les fauteurs de troubles et le drapeau tricolore flotte aux fa çades, face au drapeau rouge ; la Chambre de Com merce a émis une énergique protestation contre le»' grèves. La grève continue à Paris et en province avec des alternatives diverses. A Flers-de-I’Orne, les grévistes d’une usine ont enfermé dans un bu reau où ils étaient réunis les administrateurs, dont le Maire de Fiers ; celui-ci a démissionné. Le Colonel de La Rocque, président général des Croix de Feu, a adressé à ses camarades un manifeste dans lequel il dit : « Des périls immédiats nous assaillent à l’intérieur comme à l’extérieur. Il faut une politique de salut et de rénovation. Le mouvement social français des Croix de Feu entre désormais dans l’action politique. » Des négociations sont entamées pour un traité franco-syrien ; il tendrait à constituer la Syrie et le Liban en républiques indépendantes, alliées de la France. Mort, à Moscou, du fameux écrivain Maxime Gorki, un des plus ardents partisans de la révo lution russe ; il était né à Nijni-Novgorod en 1869. Le mouvement gréviste s’est étendu en Belgi que et de violents incidents ont eu lieu à Liège. L’Union des Syndicats de Genève organisant une manifestation contre la grève, le secrétaire de la C. G. T. française, Jouhaux, avait annoncé qu’il prendrait part à la réunion ; mais le départe ment fédéral de Justice et Police de Genève a interdit à Jouhaux et tous autres représentants syndicalistes français d’y assister. LA FIN DES SANCTIONS JEUDI. — Réunion du Conseil des Ministres. Le Gouvernement a décidé la dissolution des Croix de Feu, des Francistes, des Jeunesses Patriotes et de la Solidarité Française. Il a également décidé ,1a réorganisation de la Banque de France et la création d’un Office du blé. En ce qui touche la Banque de France, les corporations^ la Ç. (L.T. et les groupes industriels seraient représentas dans le conseil de gérance de cêt institut d’émission. On envisage aussi une nouvelle organisation de la comptabilité publique et un renforcement des pénalités contre la fraude fiscale. En Angleterre, coup de théâtre. Après plu sieurs jours de discussions, la séance de la Chambre des Communes a été marquée par une déclara tion de M. Eden, qui a dit : « Les sanctions n’ont pas atteint leur but. Genève doit reconnaître leur échec. » — « La guerre en Méditerranée, la guerre générale peutêtre, sortirait de la décision de la S. D. N. d’impo ser une paix acceptable en Ethiopie. » — « Nous n’avons ni excuses ni rétractation à faire quant à l’acte d’agression qui a été commis. » — « La posi tion de défense de l’Angleterre en Méditerranée doit être plus forte qu’avant le conflit africain. » — « Il faut que la France, l’Allemagne et l’An gleterre se réunissent en conférence pour garan tir la sécurité collective ». — » Si M. Hitler souhaite la paix, il doit être mis à l’épreuve », Sr, de son côté, déclaré M. Stanley Baldwin. Dans la Liberté, M. Désiré Ferry écrit : « La ridicule aventure des sanctions est finie. Depuis le premier jour, nous n’avons pas cessé de prédire la faillite fatale et de proclamer l’ab surdité du système coercitif dressé contre l’Italie. Nous avons, dès le début, posé le dilemme : ou bien les sanctions seront totales pour être effica ces, et, dans ce cas, elles conduiront à la guerre ; ou bien elles seront inopérantes et n’aboutirdnt qu’à l’humiliation de Genève et des nations saOctionnistes. C’est fait depuis hier. Mais le paradoxe de cette conclusion attendue est de voir l’Angleterre, qui fut le chef de file dans la croisade des sanctions, proposer la première leur abolition. Aucun des espoirs que nourrissaient les parti sans des sanctions ne s’est réalisé. Ils porteront devant l’histoire la responsabilité d'une faillite dont un avenir prochain nous montrera les suites désastreuses. Mais cela ne les empêche pas, pour le moment, de vanter leur clairvoyance et leurs mérites de vant notre pays 1 L’échec total de leurs prévisions dans la poli tique internationale ne rassure pas sur leurs pro jets et leur action dans la politique intérieure. « VENDREDI. — Au Conseil des Ministres, le Gouvernement français a décidé de se rallier à son tour à la levée des sanctions contre lTtalie. il va examiner les moyens de renforcer le système • de sécurité collective et fera mardi aux Chambres , une déclaration en ce sens. MM. Fernand Laurent, de Kérillis, des Isnards, Dommange et Taittinger, députés de Paris, ont annoncé qu’ils allaient demander au Gouverne ment la dissolution des ligues d’extrême-gauche affiliées aux partis socialiste et communiste : Jeunesses socialistes, Faucons rouges, AvantGarde communiste, et autres similaires. Violents orages dans l’Eure et dans la Marne ; à Gisors, Fresnes-1’Archevêque, Beaufiles-SaintMartin, Eragny, etc., incendies par la foudre, maisons endommagées, clocher incendié. A Vitryle-François, un cheval attelé et son conducteur ont été foudroyés. A l’étranger, les grèves continuent. On compte près de 400.000 grévistes en Belgique et le mou vement continue de s’étendre ; divers incidents sanglants ont eu lieu dans la région de Mons. En Espagne, à Barcelone, la grève dure toujours ; à Valladolid et à.Santander, on signale des tués et des blessés ; à Cadix, les prisons sont trop petites pour contenir les prisonniers arrêtés et on a dû réquisitionner un vapeur pour servir de prison annexe. Parlant de la situation actuelle en France, les Débats disent-: 1 « La grande épreuve qui attend le parti socia liste, c’est de faire l’expérience pratique de ses idées. L’industrie, le commerce, les épargnants, les pauvres comme les riches, et les travailleurs égarés risquent d’en être victimes. Le plus tria de cette aventure est que la France paiera. Sénat a la charité de l’avertir. Mais il trouvé le moyen de la protéger. »...
À propos
Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.
En savoir plus Données de classification - jouhaux
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