Extrait du journal

C/iâtcau-Gontter, 27 Novembre 1907. LA DISCUSSION DU BUDGET La discussion du budget avait été conduite jusqu'ici avec une rapidité telle qu'on pouvait considérer comme possible d’éviter, cette année, le vote de» douzièmes provisoires. Depuis quelques jours, il semble qu’il y ait quelque témérité à croire à la possibilité de réalisation de ce des sein. On a remarqué que le Ministère n’avait pas l’air de s’émouvoir du changement d’attitude de la Chambre qui, au vote sans phrases, a fait succé der les phrases sans vote. On devine aisément qu’il se ren contre des gens pour expliquer ces faits. Leur imagination intervientelle ici plus efficacement que la sûreté de leurs informations ? Nous ne sau rions le dire. Toujours est-il qu'on raconte ceci : Depuis quelques semaines les mani festations de décomposition s'accen tuent dans la majorité ministérielle. Cependant, en deux ou trois occasions où un quelconque des ministres pa raissait en grand péril, le bloc s’est reformé pour le sauver. C’est que, dit-on, ceux qui aspirent à remplacer le Cabinet actuel ne se soucieraient pas de prendre le Pou voir avec un budget non voté et aussi difficile à « boucler » que le budget de 1908. Une fois débarrassée de cet obstacle, c'est-à-dire une fois le budget voté, la vole paraîtrait plus facile à parcourir. On était donc résolu à attendre le vote du budget, à travailler à ce qu'il fût possible pour la fin de la session extraordinaire. On aurait alors, au début de la session ordinaire de 1908, livré l'assaut au Ministère. Mais on ajoute que M. Clémenceau aurait été informe de ces projets et que, dès lors, il aurait pensé qu’il n’y avait pas à hésiter entre l'ennui des douzièmes provisoires et l’ennui, bien plus grand, d’ôtre attaqué dans des conditions plutôt difficiles. Il aurait donc demandé à ses amis de montrer moins de hâte à voter le budget, dussent-ils être obligés à au toriser la perception d'un ou deux douzièmes provisoires. Nous donnons la rumeur pour ce qu elle vaut. Elle est assez piquante et, pour ceux qui connaissent le monde parlementaire, ne choque pas la vrai semblance....