Extrait du journal

IÆ 1» JUILLET A Henri de Bourbon. Prince, Il est beau sans doute pour un homme d'être l enlant de ses œuvres et de s’élever par des moyens honorables aux dignités dont les lois du pays lui ouvrent l'accès. L’histoire n’a pus fait un grief à Cicéron d’avoir été un homme nouveau c t d'être arrivé par des voies régulières au poste éminent où il lui fut donné de sauver la Répu blique. Mais s’il est beau de s'élever au-dessus de su condition, il y a plus de mérite encore à ne pas descendre pour ceux que Dieu a placés, dès leur naissance au sommet de l’échelle sociale, surtout quand toutes les conditions de grandeur extérieure viennent à leur manquer. Votre gloire à vous , Prince, sera d’avoir Vt é l’enfant de la Providence, et ce ne sera pas une faible gloire que d’avoir supporté avec résignation les épreuves de l’exil et soutenu l’honneur de la plus noble maison de l'Europe ; de n’avoir pas démenti vos ancêtres qui vous ont légué un nom difficile à porter, ni manqué à la Providence qui vous a donné miraculeusement la vie pour que vous fassiez le bonheur de la France. Vous, qui auriez pu croire que tout devait vous être permis pour reconquérir un trône injustement ravi par la révolution ; vous, dont l'histoire aurait été forcée d’absoudre toutes les tentatives, parce que vous auriez agi au nom de cette vieille consti tution française qui vous avait fait naître sur la première marche du trône , vous n’avez pas voulu compromettre le repos de votre pays, vous l’avez respecté parce que vous l’aimez ; et sans ab diquer aucun de vos devoirs , sans renoncer à au cun de vos droits , sans rien faire perdre à l'éclat de celte auréole royale dont le ciel a orné votre auguste front, vous avez préféré tout attendre du temps, des progrès de la raison nationale et des soins de la providence. Honneur , mille fois honneur à vous ! Quel que soit l’avenir que le ciel vous réserve, l'histoire aura pour vous une belle page, parce que vous aurez su être ce que Dieu vous a fait, et la France, qui aura appris à bénir votre nom, vous comptera au nombre de ses meilleurs princes, parce que , dans aucun cas, vous n’aurez fait couler une larme sur ce sol que vous aimez. Recevez donc, prince, recevez dans votre exil les félicitations et les hommages des hommes dé voués et fidèles dont j’ose me faire l’interprète, de ces hommes que le souffle de la révolution n’a pas flétris, qui n’ont courbé leur front ni devant les sé ductions, ni devant les menaces, et qui vous gar deront, quoi qu’il arrive, une foi pure et inaltéra ble jusqu’au tombeau. E. Benbzet....