Extrait du journal

Nous trouvons dans une correspondance de Y Indé pendance belge un nouveau récit qui se rapporte au 24 février. Il est dû à M. Lnssagne, secrétaire du cabinet du roi. Nous croyons devoir le reproduire : « ... Après la revue pa tséo par le roi le 24 f -vricr, à neuf heures du matin, sur la place du Carrousel, le ma réchal Bugcaud accompagna Sa Majesté jusqu’au salon de stuc où était servi le déjeûner. Ce salon, qui est au rez-de-chaussée, est contigu à celui où se tenaient les aidcs-de-camp et les officiers d'ordonnance de service quand le roi était dans son cabinet. Les deux pièces débouchent sous le grand péristyle du pavillon de Flore. Le maréchal était là sous le pé ristyle, mettant son manteau pour quitter le palais, où ses services et ses conseils n’étaient plus réclamés, lors qu’un officier d’ordonnance du roi sortit de l’intérieur et lui apprit que le roi se déterminait à abdiquer. Le maréchal, levant les yeux au ciel, s’écria doulou reusement et en serrant les mains convulsivement : Ah ! il abdique ! ! ! ! » Puis, il sortit consterné et se retira parla grille du Pont-Royal en même temps que le général Aymar , qui dit à haute voix à un officier : « J’ai eu affaire à l’émeute, moi, et je l’ai menée autre ment ! » Lorsque je rentrai dans le cabinet du roi, sa Majesté était entourée de sa Limite et d’upc foule de spectateurs. On gardait le plus profond silence. Le roi, assis à son bureau, écrivait avec une grosse plume en fer, dont il se servait depuis peu de temps, ayant ordinairement l’habitude de tailler ses plumesjui-môme. Il était encore en uniforme de général de la garde nationale et avait conservé un de ses gants blancs de castor. Le roi traça les mots de celle abdication d’une main très ferme et de son écriture la plus lisible. Lorsqu’il eut fini et comme on lui répétait : « Donnez, donnez, sire ! » il répondit : « Un instant, encore faut-il que je date et que je signe » Puis il prit sa plume, data cl signa. Plusieurs mains se tendirent pour prendre l'écrit ; il le retint, resta assis, et quand il l’eut lu d’une voix haute et vibrante, il appela le maréchal Gérard. L’in tention du roi était évidemment de confier son abdica tion au maréchal, pour qu’à l’aide de cet acte il fît cesser les hostilités. Le maréchal était dans une autre pièce ; il ne vint pas tout de suite. Le roi céda à l’impatience des plus pressés et.se dessaisit de l’écrit si avidement convoité. Entre les mains de qui remit-il ce papier? C’est ce que je ne saurais préciser. La personne qui s’en empara disparut aussitôt. On m’a dit depuis que c’était M. Sercey....