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La Gazette du Languedoc, 22 octobre 1852

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La Gazette du Languedoc
22 octobre 1852


Extrait du journal

réservé. La question mérite en effet un examen sé rieux. Disons d’abord qu’il est difficile de résoudre dès à présent celte question. Une pareille solution ne peut avoir lieu qu’en présence d’une situation régulière, et(pii a quelques chances de durée. Des personnes sages ne pourraient arguer, peur condamner la presse, de son rôle dans ia si nation essentiellement mobile où s’est trouvée la France depuis le 2 décembre. Un journal faisait observer avec raison que les choses marchent si vite , qu’à des époques fort rapprochées et pendant un voyage, le président de la République a prononcé deux discours, le premier à Lyon, le se cond à Bordeaux, tout-à-fait dilferen's. Dans le pre mier , il hésite devant l’Empire, il conseille à la France de se recueillir. Dans le second, il accepte l’Empire et en trace le programme! Aujourd’hui, la question de la transformation du gouvernement domine tout ; et il n’est pas possible de l’envisager sous toutes ees faces. Celle circonstance n’a pas peu contribué à la pâleur que l’on reproche aux journaux. Si des temps de calme nous reviennent, c’est alors que surgiront les questions en vue desquelles la presse religieuse a été créée. Parce que nous avons une loi libérale sur l’enseignement tout n’est pas fini. 1! reste Lieu encore des recteurs qui voudront nous priver des bénéfices de cette loi, pour favoriser les établissements universitaires. Nous n’avons pas en core de loi sur l’observation du dimanche. Si les ca tholiques n’ont point d’organe pour faire entendre leurs réclamations , leur influence n’eu sera-t-elle pas amoindrie ? Supposons même le gouvernement animé, des meil leures intentions, lui sera-t-il toujours facile de discerner les vœux des populations religieuses, si la publicité par les journaux est tout entière livrée aux faiseurs (l’aiïaires? (yni ne sait, du reste, que l'existence seule de jour naux indépendants et religieux oblige une autre presse â traiter avec respect les choses religieuses ? qu’ils mettent un freina ses attaques contre le c'crgé ? Le clergé a trouvé , pour le moment, des appuis la où il était habitué â ne rencontrer que des adversaires plus ou moins habiles. Mais est-ce une raison pour que ses plus anciens, ses plus désintéressés, et nous pouvons ajouter ses plus sûrs auxiliaires, abandonnent entiè rement le terrain aux nouveaux venus ? Au surplus, il ne suffit pas, pour qu'un journal rem plisse la mission (pie se sont proposée les journaux religieux, qu’il n'attaque point le clergé et qu’il prenne même sa défense à des moments donnés. Toute la publication, depuis les premières lignes jusqu’aux dernières, doit être faite dans le même esprit. Dans l'examen de toutes les questions il faut encore que cet esprit chrétien se retrouve. Or, jamais des journaux qui reposent sur des spéculations ne pourront attein dre ce but. L’expérience est là qui nous le prouve d’une manière irréfragable. La mission de la presse religieuse n’est donc pas finie. Même avec, la législation actuelle , elle rend encore des services ; tant que les journaux faits dans un autre esprit resteront sur la brèche, il faut qu’elle lutte de son côté. Elle occupe une place qui ne peut être prise par d’autres publications sans que sa cause en souffre. IlVVERNAT. ]'Union Franc-Comtoise apprécie de la même ma nière la mission [de la presse dans la situation que lui a faite la nouvelle législation On dit que , maintenant , les journaux ne pouvant plus s'occuper de politique, du moins s’en occuper comme autrefois, il devient fastidieux de les lire et surtout de les soutenir. — Les journaux ont , à la vérité, des allures moins vives ; mais précisément parce qu'ils ne s’occupent plus de politique, ils abor dent les questions sociales. La presse périodique est une véritable encyclopédie pour les matières qu’elle, traite. Au bout de l’an , elle a remué plus d’idées qu’il n’en existe dans cent volumes. Et, ce qu’il faut remarquer, c’est que les journaux sont lus, tandis que les livres , même les bons livres , sont souvent sans lecteurs. Chacune des idées d’un journal est bonne ou mauvaise. Selon la qualité qu’elle a , elle exerce sui tes esprits une bonne ou une déplorable influence. N’est-il pas utile que cette influence soit toujours sa lutaire aux vrais principes ? Et si cette utilité est in contestable , ne faut-il pas soutenir^ ehjpropager les bons journaux Ce sont là des vérités banales, tellement elles sont évidentes ; néanmoins, celle évidence n’a pas encore ému beaucoup ceux qui devraient conformer leur con • (luite dans la pratique à ces vérités....

À propos

La Gazette du Languedoc fut une feuille monarchiste légitimiste publiée à Toulouse et distribuée dans ses environs entre 1831 et 1857. Plusieurs fois poursuivie par la Monarchie de Juillet et par le Second Empire, La Gazette du Languedoc servait de plateforme pour l’opinion légitimiste dans la région. Ses bureaux faisaient office de véritable siège pour les partis politiques issus du mouvement, inquiétés par les soutiens de la duchesse de Berry, notamment après son expédition manquée de 1832 et sa tentative de se déclarer régente au nom de son fils "Henri V".

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