Extrait du journal

A Alexandre Pope, A Joun-Wolfgang Goethe , A M. Charles Duclos , A M. Joseph Joubert , A Jules César , Et à quelques autres ; car c’était une grande soirée que je voulais me donner, et ce n’était pas sans raison que j’avais choisi ces personnes entre mes nombreux amis. Je désirais que la conversation roulât sur un sujet sptcial, et j’avais rassemblé les gens qui pouvaient sur tout élucider la question que j’avais en vue. A une heure du malin, j’étais dans mon salon , les fenêtres ouvertes sur le jardin éclairé par la lune, par fumé par les ébéniers, les chèvrefeuilles et la glycine qui tapissent la maison. On entendait le bruit du petit ruisseau si aimé des oiseaux qui serpente sous l’herbe et va tomber dans la marc où les nénuphars étalent leurs larges feuilles. Ou n’entendait aucun autre bruit. Tous mes invités furent exacts, excepté Jean Wolgmg Goethe , que j’ai imprudemment prêté il y a huit jours. Ils ne vinrent ni en carrosse comme les riches, ni à pied comme les pauvres, ni sur des dragons comme Ie> génies des contes, ni sur des manches à balai comme les sorciers. Je les apportai moi-même dans mes bras, et je les rangeai sur une table devant une fenêtre. Deux bou gies nous éclairaient suffisait ment. Et je pensai que tout homme peut recevoir chez lui en robe de chambre, qumd il lui plaît, les plus grands esprits de tous les temps et de tous les pays; qu’ils viennent sans se faire prier, qu’ils restent autant qu’on lu veut, qu'ils s’en vont quand on est fatigué, sans se fâcher, sans que cel.< K empêche de revenir. il n’y a pas besoin de leur rendre les visites qu’un en reçut'; il ne faut, pour les recevoir, ni salons somp tueux, ni soupers-..xquis, ni glaces, ni sorbets, ni punch...