Extrait du journal

était trop tard pour lutter, — toujours trop tôt pour so soumettre. Oh '. que n’avais-je couru tous les ha sards, — accepté toutes les chances, — bravé tous les dangers, excepté celui de le perdre ! Si je lui avais jamais parlé de mon amour, — si je lui avais révélé cette passion profonde et ineffable qui ne peut êtro sentie que par ceux qui aiment en dépit do toutes les craintes et contre toute espérance ! si j’avais osé une fois seulement lui dire à quel point je l’aimais ! il aurait pu me délaisser, me dédaigner, m’abandonner, mais >1 ne m'aurait jamais oubliée. D’autres yeux lui auraient paru sans éclat , d'autres sourires sans charme. Dans leur calme expression , dans leur regard sans amour , il aurait vainement cherché ce que mon cœur orgueilleux, co que mon esprit ardent étaient prêts à lui sacrifier, — tout co que mon Ame renfermait d’adoralion enthousiaste, d’humilité passionnée , de soumission sans bornes; ma sollicitude pour son bonheur n’était-elle pas hum ble comme celle d’un esclave , cxaPéo comme celle d’un ange gardien ! « Comment vous portez-vous, chère Elle» î Que je suis charmée do vous revoir ! Voulez-vous me permettre do vous présenter ma mère ? » Le brusque mouvement de surprise que je ne pus réprimer à l’inslant où Rosa m’adressa ces paroles la firent éclater de rire, et le son argentin do ce rire plein de gaîté parut discordant à mon oreille. « Eh bien ! je vous ai fait la même peur que les hommes invisibles de Brandon m’avaient causée !...