Extrait du journal

Nous avons sous les yeux le discours prononcé par M. Odilon Barrot a l’ouverture des travaux de la commission chargée d’étudier les questions concernant la décentralisation administrative. M. Odilon Barrot a brûlé un très fumeux encens devant le trône impérial. Si c’est un orléaniste qui parle, c’est un orléaniste bien gracieux pour l’Empire. Ne prétend il pas « que nous assistons à un événement unique dans l’histoire ; qu’une réforme profonde vient de s’accomplir sans révolution ; que nous sommes rentrés dans les conditions du gouvernement parlementaire sans secousses et se iis violences 1 » Eh quoi ! la France est aujourd’hui un pays libre ! Eh quoi ! nous sommes les maîtres de nos destinées ! Mais nous dépendons de ministres que le chef de l’Etat a nommés et qu’il peut révoquer constitutionnellement, selon son caprice ; nos lois sont faites par un Sénat que le chef de l’Etat a choisi, composé sans la participation ni l’avis de qui que ce soit, et par des députés dont la majorité est issue de la candidature officielle; nos préfets, nos maires, nos magistrats sont encore les créatures de MM. Boulier, Pinard et de Forcade ; le gouvernement n’a corrigé le passé qu’eu promesses ; il n’a fondé le régime nouveau qu’en instituant des commissions, — et on nous dit qu’une révolution pacifique vient d’avoir lieu ! Qui donc aurait la naïveté de le croire?...