Extrait du journal

Il paraît dés à présent fort probable que les élections allemandes tourneront au gré des désirs do M. do Bismarck. Les progressistes s’attendent à perdre un certain nombre de sièges, et lo centre catholique, trahi par le saint-père, no reviendra qu’entamé, ébranlé, divisé. Le septennat militaire sera donc voté. Peut-être même M. do Bismarck trouvera-t-il dans le nouveau Parlement une majorité moins rebelle aux monopoles fiscaux qu’il s’est efforcé vainement jusqu’ici d'introduire dans le système économique do l’empire. Nous admettons, on parlant ainsi, quo M. do Bismarck, conséquent avec sos déclarations, fora cesser, au lendemain dos élections, les rumeurs belliqueuses qu’il a provoquées, et duo, selon le mot du jour dans les régions officielles allemandes, le septennat sera la paix. Ce n’est assurément pas une certitude quo nous exprimons, mais l’hypothèse n’a rien d’invraisemblable, et nous pouvons raisonner en conséquence. Nous sera-t-il permis de dire quo si, conformément à letto prévision, M. de Bismarck obtient un Reichstag obéissant, il aura payé peut-être plus cher qu’il n’avait prévu ce triomphe de sa politique intérieure? Si l’alarme déchaînée dans toute l’Europe n’a été qu’une manoeuvre électorale, si les menaces et les provocations dont nous sommes l’objet depuis tantôt deux mois n’ont ou pour but que do per brader l’électeur allemand de la nécessité d’émettre un vote docile, lo succès obtenu au dedans pourrait bien être de ceux qui ne vont pas sans une porte d’autorité morale, de force et de prestige au dehors....