Extrait du journal

L’attention du public a été maintes fois attirée en ces derniers temps sur l’ouverture à la navigation, entre juillet et septembre 1913, du Canal de Panama. Après les vicissitudes que l’on sait, l’entreprise manquée par la France y resta, après son échec immérité, sous le coup d’une réputation fâcheuse faite de tous les rêves déçus et de toutes les perles subies. Claquemurée chez nous dans un silence hostile, elle devait, avant d’en sortir, se prouver d’abord pour désarmer le sentiment public ulcéré. Etat d’esprit rancunier particulièrement nuisible en ce qu’il détournait les yeux et la foi de faits maintenant avérés et à répercussions incalculables, dont les Etats-Unis auront réalisé sous peu les possibilités. Bon gré mal gré, en dépit d’une sensiblerie politique fâcheuse en l’espèce, nous voici ramenés de par notre place dans le monde à la question que nous-mêmes posâmes jadis sans la résoudre. Mais cette fois, n’étant plus au contrôle, nous coudoyons dans la foule internationale qui se presse à l’entrée des concurrents puissants, dont certains, qui savent se pousser, jouer des mots et des gestes, pourraient tenter, là comme ailleurs, de se guinder au premier rang, quitte à en bousculer sur leur pas-...