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La Grande Revue, 25 mars 1910

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La Grande Revue
25 mars 1910


Extrait du journal

Et parce que mon bras musculeux sait comment On dompte l’étalon, le honore, la jument. Et de quel geste sûr, par l’épieu, l’on transperce Le loup qui se débat ou l’ours qui se renverse! Car la chasse est un jeu magnifique. Elle sert A durcir sourdement le muscle sous la chair Et, lorsque l’on poursuit les bêtes à poil rude, Leur rencontre, farouche et sauvage, prélude Au plaisir, plus mortel, plus meurtrier, plus beau, De brandir au soleil le glaive à lourd pommeau Que la guerre implacable et qui souffle la haine fait luire au poing fermé de l’homme qu’elle entraîne Et qu’elle rue, avec des cris, et d’un seul bond, Vers la Victoire en sang debout à l’horizon! C’est pourquoi je suis orgueilleux, sentant leur force, De mon bras énergique et de mon jeune torse; Mais c’est moins d’eux pourtant que me vient ma fierté, Ni de la flèche aiguë ou du glaive irrité, Que d’avoir, délaissant leur double exploit stupide. Cueilli, le cœur battant et le geste timide, La rose du hallier et le lis du ravin — Pour en offrir l’hommage à ton regard divin Que charme leur couleur et réjouit leur vue — Et de pouvoir, étreint par toute ta chair nue, Faire, amant triomphal et vainqueur glorieux, Gémir d’amour ta bouche et se fermer tes yeux....
La Grande Revue (1898-1940)

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