Extrait du journal

| mes, Un droit qui fait l’homme pareil Aux dieux inventés par les hommes. C.e droit, né de nos pleurs amers, duits large et plus haut que l’espace, anus profond q ie le flot des mers, A ce doux nom : Le droit de Grâce. Le châtiment est oublié ! Le Code qui résistait plie ! Ce que la justice a lié, Il est quelqu’un qui le délie ! Il est un être éblouissant Gui, malgré sa faiblesse humaine, Peut, quand il lui plant, en faisant Un signe, briser une chaîne. Il calme à son gré l'avenir ; La clé qu’il tient dans ses mains fortes A le privilège d’ouvrir, 0 noirs cachots ! toutes vos portes ! Il délivre le prisonnier, Le n rose rit battu par Tarage, Aussi vite qu’un écolier Délivre un oiseau dans sa cage. La vague chanson des roseaux, Les nids sous les branches profondes, L’haleine des vents, les ruisseaux Clapotant sur les pierres rondes, Les astres d’or, le ciel changeant, Les lia: qui font dans l’espace Pleuvoir des poussières d’argent, A l’heure où le poète passe, Les fiers sommet-; où l'aube a lui, Ou le Beau s’est laissé comprendre, Toute la Nature -est. à lui, Puisqu'à d'autres il peut la rendre. Dans ses invisibles réseaux, Il a les ailes des colombes, Les fleurs, les rêves, les berceaux, Ses foyers épars et ses tombes. Pour que le maudit soit béni, Put voyant sa maison blanche ; Pour que sur le front du banni La Patrie, en pleurant, se penche ; Pour que le père triomphant, Oubliant l'exil, se recueille Dans les sourires de l’enfant ; — Il n’a qu'à signer une feuille î Pour rendre au vieux proscrit le toit Qu’il a quelque part dans le monde, Il n'a qu’à faire avec le doigt Un mouvement d’une seconde ! Dans cet encrier tout petit, Il a toute la grande France. Il a l’ouvrier qui partit, Déporté par la vague immense. Il a les sinistres barreaux D’où le prisonnier pâle émiette A ses amis, les passereaux, Le pain que la geôle lui jette. Il a le ciel noir des Exils ! Il a l’arbre vert qui murmure : « Quand les bannis reviendront-ils « Rire et chanter sous ma verdure ? i Il a les enfants de six ans Que leurs pères n’ont point vu naître, La pitié grave des passants, lie chien maigre, attendant son maître !...