Extrait du journal

M Edouard Daladier, ayant à • résoudre un problème économique et financier, s’applique à résoudre d’abord un problème politique. Il s’ensuit un retard à accomplir l’essentiel dont de bons esprits s’émeuvent, et Jean Puépier se faisait hier à cette place l’écho de cet émoi. Je le partage à mon tour sans m’étonner du phénomène qui le suscite. Sans doute, il est incroyable que, dans la situation où nous sommes, un chef de gouvernement doive aussi longuement consulter les augures et le calendrier ; que les élections sénatoriales, demain le Congrès de Marseille, après-demain peut-être le mariage de la fille du chef des huissiers de la Chambre compliquent et retardent des mesures salvatrices sur lesquelles il n’y a guère à hésiter, est après beaucoup d’autres un défi au bon sens. Ce n’est pourtant pas M. Daradier qui l’a porté ; ainsi le veut la lente décomposition d’un régime, contre laquelle les Français protestent avec véhémence, mais contre laquelle ils ne font généralament rien. On s’indigne du jeu parlementaire, mais on serait désolé de n’avoir pas son député pour faire diverses commissions et un certain relâchement de la machine politique, tout de même que les conflits de personnes et les faiblesses individuelles, concourent à un état de choses où beaucoup de gens sont assez connotablement installés....