Extrait du journal
En province, il est rare qu'une grève se puisse paisiblement dénouer. C'est vrai. A qui la faute? C'est qu'ici les grévistes sont enveloppés dans une population sympathique" à leur cause et qui ne dépend pas économiquement des patrons. C'est qu'ici la puissance patronale est éparpillée et que si elle tentait un coup de force, Paris entier en frémirait. C'est qu'ici, rendue plus prudente, elle n'a pas soumis la police, l'armée, la justice à sa cause détestable. Allez visiter, au contraire, tel bourg surexcité par la grève. S'il est plusieurs patrons, ils sont coalisés pour la même œuvre d'exploitation mauvaise. Ces rivaux dans l'industrie ou le commerce sont des associés au point de vue social. Autour d'eux, audessous d'eux vit une population dont l'existence peut d'un signe être compromise ou modifiée, s'il plaît au caprice du maître. Par l'embauchage à l'usine ou à la manufacture, ils tiennent, avec les ouvriers présents, les jeunes hommes valides de la région tout entière privée de travail ou anémiée de salaire, selon le cas. Et puis, la police et l'armée, accourues au premier signal, deviennent les défenseurs immédiats du patronat, l'état politique étayant, par échange de services, l'état économique. Comprend-on que les grèves ne soient pas les mêmes? Comprend-on que, dans de petites villes livrées, avec leur population affolée, à la tyrannie capitaliste, à la troupe qu'on consigne, qu'on excite contre les ouvriers et qu'on lâche sur eux au premier signal, à la police qui dénonce, invente, arrête, à la justicequi frappe, ayant pour ces jours sinistres son dur visage inconnu des heureux du monde ? Voilà l'explication des quelques troubles qui agitent et quelquefois ensanglantent une grève lointaine. Partout, en province comme à Paris, l'ouvrier est calme, tranquille, n'attendant que de la solidarité ouvrière le triomphe de ses droits. Seulement, en province, il est livré sans défense au capital. Ici, il lui peut résister....
À propos
Le quotidien La Lanterne fut lancé le 21 avril 1877 à Paris par Eugène Mayer – alors coulissier à la Bourse – avec le soutien actif des radicaux de Lyon. Il connut d’abord un important succès grâce à une ample campagne de presse et à son soutien véhément du boulangisme. Titre phare de la presse radicale, le journal voit son influence s’affaiblir considérablement durant l’entre-deux-guerres avant de disparaitre définitivement en décembre 1928.
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