Extrait du journal

Nous n'aurons pas l'impôt sur le revenu. Les vingt années qui se sont écoulées depuis l'époque où, à l'Assemblée nationale, M. Rouvier le déclarait « la base de toute réforme sérieuse de notre régime fiscal dans un sens démocratique » et où 188 républicains, parmi lesquels M. Sadi-Carnot, en votaient l'établissement, ces vingt années ont suffi, paraît-il, à en faire un impôt inquisitorial et vexatoire. A la place, il faudra nous contenter, quand le délai indéterminé que M. Poincaré a réclamé pour cette étude, sera expiré, c'est-àdire en l'an 1900, à moins que ce ne soit en l'an 2,000, de l'impôt sur les revenus. La substitution de ce pluriel à ce singulier, ça n'a l'air de rien. En réalité, ce n'est ni plus ni moins que la consécration du privilège dont jouissent actuellement les grosses fortunes, de se soustraire au paiement de leur part proportionnelle dans les charges publiques. Si serrées que'soient les mailles du filet que la commission du budget est en train de confectionner, elles laisseront toujours échapper quelques-uns des éléments du capital ou du revenu et, comme d'habitude, ce ne seront pas les moindres....