Extrait du journal

Il n'y a plus guère deux opinions au sujet des prix littéraires — et les décevantes décisions de ces dernières années leur ont porté un coup dont il y a lieu de penser qu'ils auront peine à se relever. Il y a certains maquignonnages, certaines manœuvres d'approche et de captation d'influence que le public serait bien amusé de connaître. Et si même on ne s'en tient qu'à l'insuffisance incontestable des ouvrages couronnés, eîle suffit à expliquer une défaveur justifiée. L'éditeur Crès, qui s'y connaît en la matière, vient, en un article paru aux Nouvelles littéraires, de mettre le doigt sur un autre danger de ces prétendus concours qui n'en sont pas, où l'habileté prime si souvent le talent et où le gros profit sert à la fois de moteur et d'excuse aux entreprises les moins littéraires. Obnubilé par la désignation qui avec la « célébrité » va lui donner l'argent, le jeune écrivain :— dit M. Crès :— ne voit plus que lui, ne travaille que pour lui. Il faut bien reconnaître, ajoute l'éditeur, que le public est complice, puisque, de plus en plus, il ne semble voir que quelques vedettes en négligeant délibérément les écrivains que le caractère désintéressé de leurs travaux et la perfection même de ceux-ci condamnent à demeurer nonpubliés ou, en tout cas, non-réimprimés....