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La Lanterne, 22 décembre 1892

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La Lanterne
22 décembre 1892


Extrait du journal

n'eût vraiment été nécessaire. Dans les commencements, ses naïvetés me ravissaient. C'était tellement spécial, tellement imprévu, tellement primesautier, qu'à son insu la pauvre enfant m'ouvrait des horizons infinis. Vois-tu, mon cher, la bêtise féminine poussée à ce point-là, cela confine au genie et c'est intéressant en diable. Et puis, pourquoi ne l'avouerai-je pas. chez un utopiste comme moi, il y avait comme une généreuse idée humanitaire. J'aurais voulu prendre cette âme, la pétrir, lui donner des notions exactes sur le beau, sur le vrai, allumer dans ces grands yeux vert-de-mer l'étincelle de l'intelligence, et débarrasser cette bouche pourpre et savoureuse de tous les crapauds qui en sortaient, comme dans un conte de Perrault. C'était un rêve, mais un rêve auquel je me suis épuisé pendant quatre ans, non sans douceur, car lorsque Nini ne disait rien, c'était une personne de commerce fort possible. On pouvait dire d'elle ce qu'on dit des marmots : elle n'était jamais...

À propos

Le quotidien La Lanterne fut lancé le 21 avril 1877 à Paris par Eugène Mayer – alors coulissier à la Bourse – avec le soutien actif des radicaux de Lyon. Il connut d’abord un important succès grâce à une ample campagne de presse et à son soutien véhément du boulangisme. Titre phare de la presse radicale, le journal voit son influence s’affaiblir considérablement durant l’entre-deux-guerres avant de disparaitre définitivement en décembre 1928.

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Données de classification
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