Extrait du journal

Une correspondance, qui nous parvient de Vienne, nous fournit à cet égard des renseignements intéressants. Littéralement, une partie des habitants de la capitale autrichienne est victime de la famine. Les missions remplissent, autant qu'elles le peuvent, leurs devoirs charitables. Mais elles ont trop de misères à secourir. Dans la rue, le passant est assailli par des enfants, maigres et hâves, qui lui demandent du pain et dont le dénûment inspire une profonde pitié. Il n'est pas rare non plus de voir s'effondrer des vieill,5}jds dont la démarche titubante est due non pas à des excès d'alcool, mais à la faim qui les tenaille. Dans les tramways, on ne voit que gens en guenilles ; principalement- les fonctionnaires des administrations, les employés des P. T. T. et des chemins de fer ce distinguent par leurs vêtements repoussants, tant ceux-ci sont déchirés et rapiécés. Partout, on se heurte à des mendiants, dont le plus .grand nombre sont d'anciens soldats, des blessés et des mutilés, et dont la détresse s'aggrave fréquemment d'une sorte de danse de saint-Guy ou de manifestations épileptiformes....