Extrait du journal
Q Q Q L’OUVERTURE DE Lfi CHASSE C’estune solennité, mieux, c’est un émoi. De tout temps la chasse a été le sport le plus répandu, le plus général, ie plus aristocrate etleplus démocrate. Jadis, chasser c’était se dépenser, ruser, lutter, se mesurer avec le gibier, le fatiguer, le conquérir. On s’habillait un peu à la diable, dans des costumes un peu improvisés, souvent combinés dans ceux qui avaient cessé de plaire, ou se trouvaient défraîchis ; on se chaussait robustement, on se coiffait de vieux chapeaux commodes contre le soleil ou la pluie, on prenait un grand mouchoir, aucun manteau, (on ne pouvait pas avoir froid ! ) et on partait en sifflant son chien, fou de joie, qui gambadait, sautait, aboyait autour de vous, se jetait dans vos jambes et que vous ne pouviez maîtriser pendant de longs instants. On plantait sans art, sans prétention, seulement pour le porter, parce qu’il fallait le porter, son fusil sur l’épaule, et on allait longtemps, longtemps, droit devant soi, de bon matin. La campagne embaumait, l’herbe était mouillée de rosée, les oiseaux seuls vous regardaient passer et vous saluaient en gazouillant et en vous racontant mille petites choses exquises sur la douceur qu’il y aurait à ne pas tuer, à être bon, à laisser grandir et vieillir en paix les pauvres petits perdreaux, les innocents « piaillards » contre lesquels vous alliez vous acharner ; sur la bonne action que ce serait de ne pas jeter la terreur dans les champs et à renoncer à la sauvagerie de vos jeux....
À propos
La Lecture, revue de la famille, est un hebdomadaire de loisirs fondé à Paris en 1913 prenant la suite de la Revue pour tous, un bimensuel culturel et d’actualités. Il est par la suite absorbé par le Journal des demoiselles, mais conserve son contenu composé de feuilletons à destination des familles mondaines et quelques études historiques.
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