Extrait du journal
Il y a huit jours, parlant des distractions* qu'il était bon d’offrir à la foule, ne J est-ce que pour distraire un moment le peuple de nos querelles pleines d’anxiété et de violences, j’émettais discrètement un désir. Ce voeu, c'était que les désordres qui se produisent aux courses de taureaux, comme dans cette mémorable corrida de itoubaix qui a valu au lion d'être classé parmi les animaux domestiques et inoffensifs, pussent donner au gouvernement, aux municipalités, l’arme légale qui leur manque, dit-on, pour empan lier et interdire ces boucheries en plein air. (le vœu a été exaucé, et au delà, par nos amis les Marseillais. Dimanche, en effet, il y avait, dans un cirque de Marseille, — au Pi ado, je crois, nom espagnol prédestiné pour re genre de spectacle,— une course «le taureaux. Mais le torero n'entendait lias travailler pour la gloire. Avant d’entrer en scène, cet artiste en estocades demanda à son directeur une somme de cinq mille francs, un cachet de ténor ! Et comme le directeur, malgré la recette faite, appartenait à la grande école des directeurs de spectacles dont la caisse est toujours ouverte pour recevoir et jamais pour payer et faisait la sourde oreille, le torero, comme un simple trombone d'un orchestre révolté, refusa de travailler. La-dessus, le public se fâcha, et lin public de Marseillais qui sc fâche ne tait pas les choses à demi ! Bon pour «les gens du Nord comme les gens de Roubaix de se contenter d’un « chambardclément >■ de seconde classe, de pousser des cris plus éclatants que le beuglement du taureau ou le rugissement du lion etd’accabler celui-ci de coups de canne, dans la cage où, le voudrait-il, il ne peut se défendre! Les Marseillais font mieux. Ils uni démoli les banquettes et en ont fait un l'eu de joie, à la barbe roussie de la proJiee. Marseille est la porte de l’Orient. On s'y souvient des belles séditions du BasEmpire où les cochers verts et les cochers Meus suscitèrent une bagarre qui amena la destruction de tout un quartier de Constantinople....
À propos
La Liberté est un quotidien fondé en 1865 par Charles Muller, publiciste et polémiste. En 1866, il est acquis par Émile de Girardin, qui quitte sa fonction de directeur à La Presse pour le diriger jusqu'en 1870. Considéré comme l’un des concepteurs de la presse bon marché, il va sauver le titre en faisant passer son prix en dessous du prix de revient, et en inventa un nouveau cadre : il réduit la taille des articles, et intégra des rubriques uniques de sports, d’actualités régionales ou de littérature.
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