Extrait du journal

Un de nos spirituels confrères s’efforçait u fixer, cette semaine, la psychologie du Parisien. C'est essentiellement un plaisir d'été. Est-il rien de plus favorable aux examens de conscience qu'une température de 35 degrés à l’ombre, quand la vie languissante fait les eaux de l’actualité si basses? Je voudrais, à mon tour, essayer de définir, une fois de plus, le personnage compliqué et multiple, ondoyant et mobile qu’est le Parisien. La tâche est peutêtre périlleuse. On sait avec quelle sécurité philosophique Cuvier, sur l'os retrouvé d'un fossile, reconstituait de toutes pièces un type disparu. En instituant ces hypothèses orgueilleuses, le grand savant témoignait une confiance paisible dans la sagesse de la nature, dans la soumission ingénue des bonnes bêtes à la loi de leur destinée. Mais s'imagine-t-on quelle figure montrerait un biologiste du trentième siècle, pour peu qu'il tut doublé d’un rêveur philosophe, en rencontrant dans les pages montes d’une bibliothèque les crânes d'un clubman de Maupassant, d'une mondaine nostalgique de Paul Bourget ou d'un prédicateur cavalier de Dumas fils?...