Extrait du journal

Profond était le silence. Altaro baissait et relevait sa main et l’on ne voyait plus briller que l’acier de. l’épée et s’agiter que les plis rouges delà mulet. La draperie de couleur flamboyante achevait d’irriter l’animal; elle portait au suprême degré sa rage écoriante. Il voulait percer de ses cornes ce lambeau rouge qui le menaçait et le terrifiait, — c’était pour lui l’ennemi. La mulet voltigeait devant le taureau furieux, passait au-dessus de sa tête, flottait entre ses cornes, menaçait de lui enrouler le cou. Au gré de sa fantaisie, et à l’aide de cette rouge mulet, Altaro faisait reculer, avancer, tourner, subir la bête affolée, exaspérée. Au moins dix fois par minute, par un léger mouvement, il échappait à la mort. Volongaiement, il laissait tomber la culotta; prodigieusement agile, il la relevait avec une rapidité d'éclair, et, de nouveau, il la ramenait sous les yeux du taureau, sanglant, écumant et fou de rage ; insouciant et railleur, il lui riait au nez ; audacieusement téméraire, il le provoquait, l’insultait, s’en faisait un jeu....