Extrait du journal

L’ascension fut longue et pénible pour bonne-maman : l’atelier de Maurice étant situé sous le toit de l’ancienne maison Berbardot. Ce vaste grenier était, pour le jeune peintre, un lieu de délices. La température, il est vrai, y était torride en été, glaciale en hiver ; mais, par la grande baie vitrée, il jouissait d’une admirable vue. Là, dans les combles, Maurice avait éprouvé les joies les plus pures, les plus complètes de sa vie. C’était, à certains jours, des éblouissements de bonheur, lorsque le but semblait se rapprocher, lorsqu’il entrevoyait le succès rêvé. Si le grenier ne mesurait que quelbues mètres carrés, un monde d illusions tenait entre ces quatre murs. Au surplus, ce grenier de jeunesse commençait à s’égayer d’un commencement de bien-être, d’un semblant de luxe. Ce n’étaient déjà plus les murs blanchis à la chaux des premières années. Ils s’étaient garnis de tentures ; et, au milieu des nombreux chevalets, trônait un divan. On y voyait encore une étrange panoplie faite de flèches aux dards acérés, de lances emplumées et de sabres sauvages....