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1 avril 1937


Extrait du journal

« Le peuple de Paris, d'un sursaut unanime... Le peuple de Paris ne tolérera pas... Le peuple de Paris qui a fait les Révolutions de 1789... Le peuple-ci... Le peuple-ça.. Le peuple... Le peuple!... » Toujours le « peuple »...! Les communistes ont monopolisé le peuple. « Notre peuple », disait Thorez au lendemain des élections en se rengorgeant. Qu’est-ce qu’ils ont monopolisé? Laissons parler les chiffres. Quand ces messieurs parlent au Vel’ d'Hiv’, cela fait 15 000 auditeurs, 20 000 au grand maximum..: Quand ils veulent enterrer 5 ouvriers qu’ils ont fait tuer sans autre raison que d’ameuter toute la colère des « masses » contre Blum, s’il ose bouger..., oui, quand ils veulent des cercueils pour avoir un grand concours de « peuple », ils arrivent, en battant toute la région de Paris, à 300 000 (selon le minis tère de l'Intérieur)... Qu'est-ce sur une agglomération de 7 à 8 millions d’hommes? Le peuple, le vrai peuple de France n'est pas là! I! est à ses affaires, il est au coin du feu, il écoule paisiblement son week-end à la campagne. Car dans ce « peuple » .qu’on traîne ainsi — souvent par ordre •— à toutes les manifestations, la majorité française est truffée de nombreuses minorités italienne, espa gnole, arabe, etc. Le peuple! Il est évident qu il faut gouverner avec le peuple, pour le peuple,.. Mais qn’est-ce qu'un peuple? C'est la nation. C’est l’en semble des habitants du pays, c'est '•— si Ion veut opposer ce mot à l’aristocratie —■ l'ensemble des gens qui vivent de leur industrie, de leur commerce, de leur travail... Ce n’est donc pas une classe, encore moins un parti. Ne sont-ils pas du peuple, ces millions de petits artisans, commer çants, fermiers, paysans, dont on sait aujourd’hui la pénible situation? Ne sont-ils pas du peuple ces travailleurs qui constituent la masse d’autres partis? Ne sont-ils pas du peuple ces milliers de syndiqués chrétiens ou de non-syndiqués, que l’on brime dans les usines, ateliers et chantiers au nom de je ne sais quel peuple . et de quelle liberté ? Il importe aujourd’hui de rendre aux mots leur vrai sens. Ne crai gnons pas de remettre à leur place ceux qui se servent des plus claires réalités pour imposer leur dictature. Et n’oublions pas que les plus grands autocrates des temps anciens et des temps modernes se sont toujours bruyamment réclamés du « peuple »-. Sachons surtout purger ce mot du venin politique qu'il contient et lui rendre ses vrais attributs : diversité, liberté, union, collaboration. JUNIOR....
À la page (1930-1951)

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Données de classification
  • thorez
  • blum
  • paris
  • france
  • alp
  • union