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7 avril 1936


Extrait du journal

Au coin de nos places, le long de nos rues et boulevards, s’alignent les carrés de planches couverts d’affiches toutes fraîches. Dans certain quartier, j'ai compté ainsi 21 panneaux numé rotés. Autant de candidats, autant d'opinions! Si je parcours les journaux, c’est une variété plus grande encore. Autant de plumes, autant d’avis! Si je m'amuse à collectionner les tracts, prospectus, appels, manifestes, qu'on distribue à la sortie des réu nions, cinémas, églises, expositions, alors je n'arrive plus à imaginer la salade effarante où nage le français moyen. Et la jeunesse n'est pas épargnée!... Tous les jours une voix se lève pour redire l'éternelle histoire : « Jeunes, nul ne vous a compris jusqu'ici et nul ne vous dit la vérité. Venez avec moi, j’assurerai votre avenir. » En guise d’avenir, celui-ci nous monte contre le fascisme, celui-là contre les Soviets; un autre nous mobilise pour la guerre européenne contre la guerre africaine; un qua trième désigne l’Angleterre à notre vindicte éternelle; un cinquième nous lance contre la réaction (où est-elle?); un sixième contre la Maçonnerie; un septième contre les « 200-familles »... Quel sens veut-on donner à notre vie? Sommes-nous donc des chiens de garde à qui j’on fait : Kss! Kss! Vas-y! en lui montrant la proie? Pour qui nous prend-on? A qui sommes-nous donc? Nous ne voulons pas de 36 maîtres. Nous n'en avons qu’un : le Christ, qui nous a marqués pour toujours au baptême et qui seul a des droits sur nous....
À la page (1930-1951)

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  • françois mauriac
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