Extrait du journal

Devant les misères et les injustices matérielles ou morales, le vrai dis ciple du Christ n'est ni un résigné, ni un révolté. Il n'est pas un résigné, un malheu reux qui subit l’injustice ou qui la tolère les yeux secs et les mains aux poches. Le Christ a voulu que ses disciples soient capables de supporter le martyre pour leur foi, de se priver, de se mortifier, d’aimer la pauvreté qui ' libère des corruptions de la richesse; en un mot, il a voulu des disciples d’une trempe morale extraordinaire, d’un désintéressement absolu. Pourquoi? Afin que ses dis ciples soient plus charitables, plus zélés pour le bien, plus intransi geants pour la justice, plus ardents pour rétablissement du règne de Dieu qui se résume dans les deux mots 4 justice et chanté. Le chrétien qui voit son frère souffrir près1 de lui ne peut pas être tranquille; il sait qu'au jugement on lui deman dera ce qu'il a fait pour ce royaume et qu'il sera jugé sur ses œuvres (non sur ses paroles). Non, le chrétien, le vrai chrétien, n'est pas un résigné. Des milliers et des milliers d'institutions, de lois, d'associations, de contrats de travail, d’œuvres, de syndicats, le prouvent... Il l’est si peu, que des bourgeois, dérangés dans leur sieste par l'action d'un homme évangélique, le traitent souvent d energumène, de « chrétien rouge »> et de' révolutionnaire. Le chrétien n’est pas un révolté. Il connaît les mesures humaines dans le bien, hélas I et dans le mal aussi. Il n'exclut pas, à priori telle ou telle catégorie de gens; il n'espère rien des régimes improvisés sur la violence, fruit et expression de la lutte des classes et des partis. Il veut, il professe, il pratique la collabora tion des classes dans la société, comme des membres dans le corps. C’est donc par un effort persévérant dans l'ordre professionnel, législatif, économique, international, qu'il veut améliorer le sort des hommes, ses frères. Voilà ce qu'est un chrétien... Y en a-t-il beaucoup dans le monde? Pas assez. Que ceux, du'moins, qui le sont, en soient fiers, prennent de l’assurance dans le trouble présent et aillent de l’avant, sûrs de leur doctrine, de leur foi, de leur Dieu. (Voir l’application de ceci en page 2.) Junior....