Extrait du journal

Vienne, 29 septembre. Les événements de Bulgarie ont beaucoup plus préoccupé, ici, nos hommes d’Etat, no re presse et même l’opinion publique qu’à Paris, où l’on ne saurait guère s’intéresser à deux choses à la fois et où l’attention générale, paraît-il, continue à se porter exclusivement sur lesCynghalais ? Si nous avions de véritables gouvernants pour mener notre barque et un bon pilote pour traverser les écueils dont est semée la mer politique qu’on appelle la question d’Orient, il n’y aurait que demi-sel à cela. Mais ce n’est malheureusement pas le cas, et l’on ne se gêne pas pour prédire dans notre monde diplomatique que les événements de Bulgarie pourraient avoir pour nous des conséquences que nous ne semblons guère prévoir. A Vienne même, il y a eu un moment d’hésitation, d’inquiétude et de mécontentement ; aussi, les adversaires du ministère Taaffe comptaient-ils en profiter pour lui donner l’assaut à la prochaine réunion du Reichsrath ; mais, aujourd’hui, il ne reste plus rien, dit-on, de cette tempête dans un verre d’eau,et la triple alliance est plus que jamais à l’ordre du jour. M. de Bismarck a trouvé encore le moyen de calmer le cabinet de Vienne, et tout est pour le mieux dans le meilleur des statua quo possibles....