Extrait du journal

La conduite de Louise de Beaulieu, pendant la guerre de 1870, est encore présente à toutes les mémoires. Ce fut une vaillante, une intrépide et une humanitaire. Toujours au premier rang dans la bataille, elle ramassait les blessés, les soignait, les sauvait quelquefois. Elle reçut plusieurs blessures dans l'accomplissement de sa noble tâche et elle était restée infirme du bras droit. Tout l'argent dont elle disposait, elle l'employait en douceurs pour les soldats français, et ceux-ci connaissaient bien les vastes poches de l'ambulancière des « Amis de la France ». Elle était alors jeune et belle, gracieuse, aimable et bonne. Elle avait bien changé, la pauvre femme. Aigrie par le malheur, des revers et. faut-il le dire, par des chagrins de cœur de jeunesse, elle n’était plus reconnaissable. Abandonnée, toute jeune, par un mari qui n’avait cherché dans ce mariage que sa dot, elle vécut, le martyre dans lame, froissée dans ses affections de jeune femme et dans son idéal de la vie. Lorsqu'elle se dévoua pour son pays, dans l’année terrible, elle cherchait la mort sur les champs de carnage, mais n’ayant recueilli que l’ingratitude et l’oubli, et la sinistre visiteuse u’ayant pas voulu d'elle, trop fervente pour mettre tin à une vie quelle elle abhorrait, elle se résigna à vivre. Mais tout ce qu’il y avait en elle de noble, d’élevé cl de délicat, sombra dans cette terrible lutte entre ses sentiments et les difficultés de l’heure présente....