Extrait du journal

Le carême touche à sa fin, mais, en réalité, c’est une terminaison très moite, presque inconsistante. Nous voilà loin de Ja période tranchée que cette fin de saison marquait avant la grande guerre. Les conditions Je la vie générale ont étrangement changé. Jadis, c’est-à-dire avant-hier, le carême était une époque de resserrement de la vie physique. La majorité des braves gens s'y prêtait très réellement en se restreignant sur les dépenses de viande. Aujourd’hui, il n’y a plus grande différence entre le gras et le maigre, qui nous parviennent avec une égale diffusion parcimonieuse et le problème de l’alimentation est absolument transformé. On compte les gens qui usent du'régime carné deux fois par jour; l'immense majorité des consommateurs se réserve pour le déjeuner, où paraissent entore le rosais et la côtelette comme plats de consommation. Le soir, les œufs ou le poisson remplissent l’assiette centrale....