Extrait du journal

C'est un homme d'une trentaine d’années, aux manières tout à fait anglaises, fort distingué et d'une exquise amabilité, beaucoup plus aimable que ceux qu’il cherche à copier. Je n'ai qu’une chose à lui reprocher, c’est de porter trop de diamants : il en avait au mains deux ou trois à chaque doigt, sans compter ceux de la cravate, de la chemise et des manchettes. Je sais que dans son pays cela se fait, et je ne songe pas à soulever une question de goût; mais, dans la demiobscurité d'un coupé-lit, rien n'est plus gênant que les brillants, surtout en aussi grand nombre : ça vous arrache les yeux pendant la conversation. A un moment donné, je me blottis dans un coin sombre, bien décidé à parler, désormais, au prince sans le regarder; j’élevais les yeux au ciel — celui du wagon — pour y trouver un peu de repos; mais, hélas! là encore, je rencontrai des diamants. Vous ne devineriez jamais où? Eh bien! tout simplement dans un petit nœud, sur le ruban du chapeau princier. Trois magnifiques pierres, valant peut-être 20,000 francs, ornaient ce couvre-chef, qui n’avait guère coûté plus de cent sous....