Extrait du journal

n'était pas bien grand. Quant au gardien-canonnier, ce doit être un aimable sceptique qui connaît la vanité des choses de cc monde, et qui pense qu’un coup de canon tiré un peu plus tôt ou un peu plus tard, surtout s’il est tiré à blanc, ne saurait compromettre l’ordre public. A supposer qu’un de scs chefs lui eût demandé : « Pour tirer le coup de canon de midi, où prenez-vous l'heure?» il est infini ment probable qu’il aurait répondu sans am bages : «( Je prends l'heure à ma montre, parbleu ! Où voulez-vous que je la prenne ? » Et ic fait est qu’il ne pouvait la prendre ailleurs, la municipalité niçoise, en lui don nant la mission de tirer le canon à midi juste, ayant négligé de lui faire .cadeau d’un chronomètre, et même fort probable ment de lui dire comment il fallait s'y ‘prendre pour s’assurer de l’heure exacte. Car il ne suffit pas de donner une consigne à un brave homme, il faut encore lui four nir les moyens de l'exécuter. On assure d ailleurs que le canonnier ni çois a compris qu’il y avait dans son cas un peu d’orgueil et de désinvolture. Il a écouté avec déférence les observations qui lui ont été adressées à ce sujet, et il a avoué qu’une montre de 7 fr. 50, comme la sienne, n'était pas de taille à faire la loi à des « Bréguict ’> ayant coûté mille francs et plus. Lî il a fait amende honorable devant...